Nombre total de pages vues

dimanche 8 novembre 2020

La Trinité et la liberté de la foi selon Maurice Zundel

Il y a une distance infinie entre un monothéisme clos, unitaire, fermé sur soi et narcissique et un monothéisme trinitaire et qui est essentiellement ouverture et où se réalise pleinement le mot de Rimbaud : « Je est un autre », la personnalité en Dieu n'étant selon l'expérience chrétienne une pure relation vers l'Autre, ou à l'Autre (…)

Le mystère de la Trinité et la perle de l'Évangile et l'essentielle révélation de la pauvreté et de l'humilité de Dieu (…) 

Dieu est Esprit, c'est-à-dire qu'il ne se suffit pas à lui-même. 


(…) il ne s'agit plus de se soumettre et de s’assujettir à un joug, à une loi, un commandement (…) Nous sommes engagés dans une compétition d'amour où il s'agit de donner sans fin, sans mesure, de se donner éternellement à celui qui se donne infiniment et qui est au-dedans de nous une attente qui s'offre toujours sans s'imposer jamais (…) 

C'est essentiellement ce passage du dehors au-dedans qui va fonder et la liberté et l'inviolabilité de la dignité humaine et qui va, du même coup, nous faire rencontrer Dieu comme plus intime à nous-même que le plus intime de nous-même (…)

C'est dans la mesure où nous-mêmes nous arriverons à nous libérer dans ce dialogue d'amour, dans ce dialogue nuptial avec Dieu qui habite en nous, c'est dans cette mesure que l'univers pourra s'ouvrir et entrer dans le jeu de la grâce et devenir un univers apaisé, et non pas une jungle où toutes les espèces se dévorent. 


Le miracle, c'est précisément l'expansion et l'effusion de la liberté dans l'univers. 


« Soyez parfait comme votre Père céleste est parfait » (Matthieu 5. 48). C'est cela : dépouillez-vous comme Dieu se dépouille, désappropriez-vous comme Dieu se désapproprie, devenez amour comme Dieu est amour, soyez libre de vous-même comme Dieu est libre de soi.


 (…) à l'encontre du procès de Jésus, qui est un procès public, qui met en mouvement les autorités juives et romaines, la Résurrection est un événement confidentiel qui n'a été confié qu’aux disciples, à ceux qui devaient prendre la relève. La Résurrection n'est pas un événement qui s'est imposé physiquement et magiquement aux ennemis de Jésus-Christ, qui auraient été foudroyés par une évidence matérielle. 


Là où il n'y a pas d'amour, l'amour (…) ne peut que mourir d'amour pour celui qui refuse d'aimer. 


Par la voie de l'histoire, en épluchant les textes et les mots, en les comparant à d'autres mots lu ailleurs dans les manuscrits de la mer morte ou dans les textes assyro-babyloniens ou égyptiens, on n'arrivera jamais finalement à trouver Jésus-Christ. Pour le trouver il faut le vivre à l'intérieur du mystère de l'Église, je veux dire à l'intérieur de ce courant qui propage la sainteté chrétienne (…) Et comment retrouver Jésus Christ, à coup sûr, sinon dans son actualisation au cœur des saints, là où, précisément, sa vie porte du fruit et où on voit ce que signifie ce don prodigieux quand il aboutit (en effet) à la libération de l'homme et fait de lui un espace illimité où toute la création fait un nouveau départ ? 


(Genève, février 1970)


Quelque dogme que l'on envisage, quelque pratique approuvée par l'Église, on peut être sûr d'entrer dans la grandeur. Il n'y a pas de jour où, penché sur cette doctrine, l'esprit n'y découvre plus de richesse et plus d'harmonie, plus de jeunesse et plus de joie. Le monde semble se rouvrir sous nos mains, et livrer les secrets de sagesse et d'amour cachés dans ses abîmes, et notre destinée prend des proportions gigantesques, et notre vie s'épanouit dans un formidable mystère. 


Des milliards d'étoiles ne produiront jamais une pensée.  

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire