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mardi 15 septembre 2020

Un génocide en Vendée en 1793-94 ?

Selon Jacques Villemain, auteur de « Génocide en Vendée » (2020)…

Turreau prévoit le ratissage par ses colonnes de la région insurgée, qui doivent massacrer tous ceux qu'elles rencontrent, républicains compris (…) il écrit au Comité de salut public - qui se garde bien de répondre, ce qui correspond au minimum à une approbation tacite - : « Si mes intentions sont bien secondées, il n'existera plus dans la Vendée, sous quinze jours, ni maisons, ni subsistances, ni armes, ni habitants que ceux qui, cachés dans le fond des forêts, auront échappé aux plus scrupuleuses perquisitions », ce soit assez clair. Ses généraux sont moins prudents que lui, tel Grignon qui donne l'ordre de marche suivant : « Nous entrons dans le pays insurgé, je vous donne l'ordre de livrer aux flammes tout ce qui sera susceptible d'être brûlé et de passer au fil de la baïonnette tout ce que vous rencontrerez d'habitants sur votre passage. Je sais qu'il peut y avoir quelques patriotes dans ce pays, c'est égal, nous devons tout sacrifier. »

Et puis il y a les rapports des représentants en mission, des membres de la Convention mandatés pour aiguillonner les généraux. Garnier de Saintes écrit ainsi au Comité de salut public, qui encore une fois s'abstient de réfréner son action : « Tout est exécrable dans ce malheureux pays et cette race doit être anéantie jusqu'au dernier. »

Les historiens pensent aujourd'hui que c'est plutôt 170 000 personnes, soit entre 20 et 25 % de la population de la “Vendée militaire”, qui ont été tuées au cours de la guerre : à peu près la même proportion que celle de la population cambodgienne massacrée par les Khmers rouges. 

Le problème est que l'Université, dont les enseignants se recrutent par cooptation interne, a été depuis la fin du XIXe siècle organisée uniquement en vue de la célébration de la Révolution comme mythe fondateur de la République conçue comme « un bloc dont on ne peut rien distraire » (Clemenceau) (…) La Société des études robespierristes, fondée en 1908 par l'historien Albert Mathiez, qui fera partie des membres fondateurs du PCF (…) Tous les titulaires successifs de la chaire d'histoire de la Révolution française de la Sorbonne en sont membres, certains étant des communistes encartés et plus (Albert Soboul) ou moins (Michel Vovelle) sectaires (…) il faut sauver le soldat Robespierre et la passion révolutionnaire qu'il personnifie. Ils ne sortiront pas de là.

C'est surtout à Lénine qu'elle a servi de modèle. Stéphane Courtois, dans son excellent Lénine, l'inventeur du totalitarisme (Perrin, 2017), montre à quel point ce dernier s'est inspiré de la guerre de Vendée.

(…) d'une part c'est bien un génocide, d'autre part ce n'est pas “la République” qui l'a commis, mais un groupe criminel qui s'est emparé du pouvoir pendant un an et n'a pu s'y maintenir que tant qu'il a pu faire guillotiner ses opposants, y compris “républicains”. 1793-1794 est un épisode terroriste et génocidaire avec lequel notre République actuelle n'a rien de commun…

jeudi 26 mars 2020

Massacres des Arméniens par les Turcs à la fin du XIXè siècle

Entre 1894 et 1897 eurent lieu des massacres perpétrés par l'empire ottoman : les victimes furent les Arméniens, mais aussi les syriaques, les assyriens et les chaldéens.

Celui qui les ordonna : Abdülhamid II, dit "le Sultan rouge" ou le "Grand Saigneur".
Il prônait un panislamisme hostile aux chrétiens, sensé renforcer son empire de plus en plus fragile.

Depuis 1870, les Arméniens luttaient pour obtenir des réformes, notamment l'égalité des droits avec les musulmans.
Oulalah. Quelle menace pour l'empire !
Résultat : plusieurs centaines de milliers de victimes, des déplacés, des villages rayés de la carte, des églises détruites…

Pendant ce temps, les diplomaties européennes discutaient…
La France se taisait, par complaisance envers les Russes, qui protégeaient la Turquie.

samedi 14 avril 2018

« Un impitoyable nettoyage ethnique » (Patrice Franceschi)

"Fin mars 2018, des centaines de milliers de Kurdes – hommes, femmes, enfants, vieillards – ont dû fuir la région d'Afrin, dans le nord-ouest de la Syrie, pour échapper aux hordes djihadistes lancées à leurs trousses par l'armée turque. Images effrayantes d'un exode en tous points semblable à celui de 1940 en France. Sur ces routes de l'exil, ne manquaient même pas les cadavres de civils déchiquetés par les bombardements de l'aviation. Il y en avait partout. En cinq ans aux côtés des Kurdes, je n'avais jamais vu une telle horreur. 
Deux mois plus tôt, l'invasion turque m'avait surpris à Paris mais mes camarades s'étaient aussitôt mis à m'envoyer des centaines de photos et de vidéos attestant les crimes de guerre commis contre eux au cours de leur résistance farouche à cette nouvelle agression : tortures de combattantes capturées, décapitations de prisonniers, massacres d'enfants, exécutions sommaires de paysans, rapts de femmes. La barbarie absolue. De quoi alimenter la crainte d'un nouveau génocide après celui commis contre les Arméniens un siècle plus tôt. Tout cela dans l'indifférence de la communauté internationale. Ou peu s'en faut.
À l'heure où j'écris ces lignes, les Turcs poursuivent impitoyablement le nettoyage ethnique de la région d'Afrin et y installent des milices djihadistes qui n'ont rien à envier à l'État islamique que nous pensions avoir vaincu. Un véritable danger sécuritaire pour la France. Ce n'était pas la peine d'aider militairement les Kurdes à en finir avec Daech pour revenir à la case départ. La situation est si évidente maintenant que le président de la République, Emmanuel Macron, a pris la décision de rompre le silence et a reçu officiellement à l'Élysée une délégation kurde - avec leurs alliés arabes et chrétiens - pour leur signifier qu'ils ne seraient plus seuls désormais. Il a été le seul chef d'État à le faire et il faut souhaiter que son exemple soit suivi partout afin de réparer les fautes morales et politiques que nous avons commises en abandonnant nos alliés, comme si nous ne savions plus distinguer nos amis de nos ennemis."
Écrivain et témoin engagé, Patrice Franceschi défend de longue date la cause kurde.
(in La Vie, 13/04/2018)