"Il
n’avait peut-être pas d’autre intention que de se délivrer des démons qui le
hantaient, de ce qui fermentait en lui depuis deux ans. Et c’est bien l’effet
salutaire qu’il en attendait qui se produisit : il se sentit ensuite
« joyeux et libre comme après une confession générale ». Il s’était
déchargé sur ce personnage fictif, son « frère », du drame qu’il
avait personnellement frôlé, peut-être évité de justesse.
Les Allemands ont tendance à se prendre au tragique et à se vautrer complaisamment
dans leur propre tourment.
Le
sourire et le sacré, le sourire de la sagesse. Le sourire de Bouddha n’est-il
pas le signe même de son infinie sagesse ? Et à l’époque de Bouddha, le
sourire hiératique des sculptures grecques archaïques, contemporaines
d’Héraclite, que signifie-t-il ? Retrouver à l’arrière-plan du Werther,
dans les ombres impénétrables de son tréfonds, cette sagesse souriante, cela
peut-être inattendu, ce n’est pas à exclure. A la réflexion, ce n’est pas même
surprenant."
(extraits de la préface de "Werther", Pierre Bertaux)