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jeudi 4 avril 2024

Entretien avec l'amiral Philippe de Gaulle - Mars 1988

Quand vous entendez François Mitterrand prêcher l’unité nationale et ses lieutenants comparer sa philosophie du rassemblement à celle du Général, quelle est votre réaction ?

François Mitterrand n’a jamais été un homme de rassemblement et son hostilité au général de Gaulle fut la donnée permanente de toute son action politique. Pire : il a contribué, dès la Libération, à faire échouer le rassemblement des Français.
Mon père, pourtant, lui avait donné sa chance dès ce moment-là : on ne rappelle pas assez que Mitterrand fut secrétaire général aux prisonniers de guerre dans son gouvernement, dès août 1944. Pour lui faciliter la tâche, le Général alla même jusqu’à demander à son propre neveu, Michel Cailliau, de fondre le réseau Charette qu’il animait alors dans le Mouvement national des prisonniers, que voulait diriger Mitterrand.
Qu’a fait ce dernier ? Il s’est servi de ses fonctions à des fins démagogiques (et Dieu sait s’il était facile d’exploiter l’amertume des prisonniers qui rentraient sans argent, sans métier, sans famille parfois !). Puis il les a poussés à défiler en signe de protestation dans les rues de Paris ! Il fut promptement rappelé à l’ordre par mon père, qui dut lui signifier que l’organisation de telles manifestations était incompatible avec ses fonctions officielles et l’état de guerre de la France.
Voilà tout Mitterrand : susciter des monômes pendant que l’ennemi occupe encore une bonne partie du territoire !
C’est dès l’origine par conséquent que François Mitterrand s’est séparé du général de Gaulle : il a ainsi manqué de s’insérer dans une trame historique qu’il ne peut revendiquer sans tromper le pays…

Quelle est donc votre conception du rassemblement ?

Quand le général de Gaulle appelait les Français à se rassembler, ce n’était pas un artifice destiné à grappiller des voix avant une échéance électorale. Il leur demandait de faire abstraction pour un temps de leurs différences et de leurs origines partisanes pour défendre ensemble la patrie en danger.
Que fut l’épopée de la France libre, sinon la longue marche d’une minorité d’hommes que tout séparait, si ce n’est la certitude qu’ils réuniraient un jour une majorité de Français ? Pensez aux drames de 1940 : les Anglais bombardant la flotte française à Mers el-Kébir ; des Français tirant à Dakar sur d’autres Français envoyés en parlementaires !
Tout cela n’a pas empêché la poignée d’hommes que nous étions d’œuvrer obstinément pour la restauration de l’indépendance française en dépit de tout ce qui pouvait nous opposer à ceux que nous rencontrions au fur et à mesure.

Vous avez servi vous-même dans le régiment blindé de fusiliers marins de la division Leclerc. Or, ce régiment était composé d’hommes qui avaient combattu contre les Anglais et avaient chanté Maréchal, nous voilà !. Comment aviez-vous vécu ces différences ?

Quand je me suis engagé dans ce régiment de la 2e DB, j’étais le seul homme provenant des Forces françaises libres. Aucun autre n’appartenait aux rangs gaullistes. Voilà qui n’a pas été de tout repos dans les premiers temps, mais qui nous a renforcés, tous autant que nous étions, dans la conviction qu’il fallait dépasser nos origines politiques pour tendre vers un objectif supérieur.
L’esprit de la Résistance n’était pas différent : quoi de commun entre les socialistes qu’on y rencontrait, les maurrassiens qui s’y ralliaient, et les communistes qui y sont venus à partir de 1941 ?

En 1946, le clivage entre droite et gauche s’est reconstitué. Le général de Gaulle a réclamé la réforme des institutions. Comment définiriez-vous aujourd’hui la droite et la gauche ?

Il est vrai que, pour mon père, les notions de droite et de gauche signifiaient peu de choses face aux impératifs historiques du redressement. Il n’est pas faux non plus qu’il y eut chez les gaullistes des gens pour se proclamer de gauche et d’autres qui se voulaient plus conservateurs. Mais ces différences de sensibilités ne se sont jamais traduites en termes politiques. Quand des “gaullistes de gauche” comme Louis Vallon, René Capitant ou le général Billotte se présentaient à une élection quelconque, il y avait toujours en face d’eux un socialiste ou un communiste qui incarnaient un autre choix de société.

Ce qui veut tout de même dire que deux conceptions du monde coexistent dans la vie politique française…

Oui, mais elles tiennent surtout à la conception de l’homme que se font les uns et les autres. Aujourd’hui comme hier, il y a ceux qui veulent une société de liberté et ceux qui ne conçoivent le gouvernement des hommes que par le nivellement.
La droite, puisqu’il faut bien l’appeler ainsi, se bat pour une société d’initiative, sanctionnée par une règle du jeu commune qui permet à tous les citoyens de se développer selon leurs aptitudes.
La gauche, à l’inverse, voudrait créer un type d’homme unique, formé par la contrainte cachée par la démagogie : c’est une forme moderne du servage, puisqu’elle conduit les citoyens à s’en remettre aux choix d’une oligarchie d’appareil qui décide à leur place de ce qui est bon pour eux.
Là réside le clivage presque théologique qui nous sépare des socialistes : c’est parce que nous savons que tout ne peut pas être réglé par l’homme et que le monde est foncièrement inégalitaire que nous voulons l’améliorer en nous servant des meilleurs pour tirer les autres vers le haut. Telle n’est pas la conception de la gauche, qui, à l’instar de la fable de La Fontaine, préfère couper la queue de tous les renards pour rendre la masse identique à celui qui n’en a pas.
En refusant d’admettre que le sort est maître de beaucoup de choses et que ce qui est inégal chez les hommes est souvent déterminé de façon transcendantale au-delà de leurs choix et même de leur compréhension, les socialistes refusent en fait le libre développement de l’homme qu’au nom d’une égalité mythique ils veulent, par la contrainte ou la résignation, fondre dans un système collectiviste aseptisé par la doctrine.

Un autre clivage ne sépare-t-il pas ceux qui croient encore à la France et ceux qui n’y croient plus ? Ceux qui fondent leur action sur le socle national et ceux pour qui la notion de patrie est dépassée ?

Ce clivage existe tout à fait. Il est le lot de toutes les périodes où la décadence menace. Refuser l’identité nationale et l’effort qu’elle impose aux vrais citoyens est une fuite en avant qui ne présage rien de bon pour l’avenir. Fermer les yeux sur la lutte biologique qui oppose les nations et les systèmes politiques, c’est se mettre en position d’être vaincu par plus fort que soi. C’est sacrifier sa liberté à des mythes sans fondement…

N’est-ce pas ce que risquent de faire ceux qui mènent campagne à la fois pour la société multiculturelle et pour le vote des étrangers ?
C’est détruire l’identité française que de pousser les gens à affirmer leurs différences et à refuser l’assimilation. Notre pays n’a été grand que parce qu’il a offert un creuset culturel commun aux vagues d’immigrants qui ont accepté de s’y fondre. L’assimilation, c’est le contraire de la société multiculturelle que souhaitent les socialistes.
L’exemple du malheureux Liban nous montre ce qu’il advient des États qui admettent que des communautés n’obéissant pas à sa loi s’installent et se développent en son sein.

Face à la gauche, dont vous venez de décrire la philosophie, la majorité RPR-UDF dispose, en gros, de 45 % des voix. Elle ne peut gagner l’élection présidentielle sans obtenir le report des suffrages qui, jusqu’à présent, se sont portés sur le Front national. Comment résoudre cette équation ?

Les électeurs du Front national appartiennent à deux catégories : une petite minorité d’irréductibles qui refusent par principe le système en place. Et je dirai même : la République quelle qu’elle soit. Ce sont des gens qui ont souffert, ont été victimes d’injustices ou ont été marqués par les cicatrices de l’histoire.
Mais la grande majorité des électeurs du Front national savent où se trouve leur intérêt : s’ils reprochent au RPR et à l’UDF de ne pas être allés assez loin dans certains domaines (l’immigration en particulier), ce n’est pas pour se jeter au deuxième tour dans les bras d’un parti qui incarne l’inverse de leur philosophie.

Vous-même, pourquoi vous être engagé à 66 ans dans le combat électoral ?

C’est l’importance décisive de l’échéance présidentielle qui m’a décidé. Après quarante-deux ans et demi de métier militaire, j’aurais pu profiter de la retraite en taillant mes rosiers. Mais le choix de société qui nous est imposé m’a semblé si profond et ses implications tellement graves, que je n’avais en fait qu’une unique solution : m’engager au côté de Jacques Chirac.

(in Valeurs actuelles)

Philippe de Gaulle est décédé le 13 mars 2024, aux Invalides, à 102 ans.
Fils du général de Gaulle, mais marin, jusqu’au grade d’amiral, exerçant les fonctions d’inspecteur général de la marine,  il fut ensuite sénateur de Paris (1986-2004).
Il était grand-croix de la Légion d’honneur et grand-croix de l’ordre national du Mérite. 

jeudi 27 mai 2021

Extrait d'un entretien avec Patrick Buisson

(…)

- Nous payons, écrivez-vous, le prix de la liquidation du monde ancien et des dérégulations massives qui ont suivi mais, paradoxalement, le monde ancien n’est-il pas en train de resurgir de façon inopinée ?


- C’est très précisément la bonne nouvelle que porte la pandémie. Ce que les Français ont applaudi, chaque soir à 20 heures, à travers le personnel hospitalier et tous les premiers de corvée qui ont tenu la France à bout de bras, ce sont les valeurs du monde d’avant, celles que la mondialisation et la globalisation avaient décrétées obsolètes autant qu’indésirables : la gratuité, l’entraide, la solidarité, le don de soi, le dévouement au bien commun. Ce qu’ils ont plébiscité, ce sont les valeurs du monde de la dette et du devoir contre celles du monde du dû et du droit. Le monde des débiteurs contre le monde des créanciers. Bref, l’antithèse absolue de ce nouveau monde dont Emmanuel Macron s’était fait, lors de sa campagne de 2017, le chantre enthousiaste et l’habile fondé de pouvoir.


- La crise sanitaire a-t-elle mis en échec l’idéologie du progrès ?


- La foire d’empoigne des médicastres et autres morticoles sur les plateaux de télévision, où les sachants ont voulu jouer aux sachems en dépossédant le politique de sa substance et le peuple de sa souveraineté, n’a pas fait que délégitimer la “parole experte”. Elle a mis à nu le dispositif de savoir-pouvoir si bien décrit par Michel Foucault. « L’idolâtrie des moyens, écrivait Bernanos, va toujours de pair avec l’oubli des fins. » Dans le sillage de l’abominable XIXe siècle, le couple abrasif que formaient la science et la technique a voulu s’ériger en finalité. “Plus de science, moins de croyances”, c’était l’antienne des nouvelles idoles. Le Covid nous confronte à un événement régressif que les modernes, embarqués dans leur délire prométhéen, n’avaient pas osé imaginer même dans leurs pires cauchemars. Le grand récit de l’homme émancipé par la science et augmenté par le transhumanisme bute sur une bestiole qui nous ramène cruellement à notre condition de mortels (…)


À la mort de Jean XXIII, de Gaulle a eu ce mot terrible, rapporté par Peyrefitte : « On a toujours tort de donner l’apparence de se renier, d’avoir honte de soi-même. Comment voulez-vous que les autres croient en vous si vous n’y croyez pas vous-même ? » (…)


L’ homo economicus, qui nous est présenté depuis les années soixante comme le modèle achevé de l’aventure humaine, postulait l’éradication de tout ce qui plafonnait les possibilités de bonheur terrestre. D’où la grande offensive culturelle contre la culpabilité d’essence chrétienne qui agissait comme un frein à la jouissance et à la consommation. L’antagonisme radical du marché et du sacré a pris forme à ce moment-là. La télévision s’est chargée de la grande entreprise de rééducation populaire et de lessivage des consciences en dissipant ce que le poète Henri Michaux appelait le « stellaire intérieur ». Jamais une autorité émergente n’aura disposé d’un tel pouvoir pour conditionner les esprits. Jamais soumission à un magistère ne fut aussi totale et instantanée (…)


- Le recul du sacré est-il au cœur de notre relation à l’islam ?


- Évidemment. Comment demander aux musulmans de s’assimiler à une société qui n’est plus approvisionnée en religieux et en sacralité ? Dans les années soixante, l’assimilation était encore possible dans la mesure où subsistait, d’une part, une identité forte et attractive du patriotisme français comme religion séculière et, d’autre part, une proximité morale et symbolique entre l’islam et les valeurs chrétiennes. Ces creusets-là n’existent plus (…)


- À qui la faute ?


- Un certain fondamentalisme républicain est incontestablement à l’origine du processus de radicalisation des musulmans de France. Parce que faute de ressources et d’appareil symbolique pour faire religion à la place de la religion, il s’enferme dans le déni du besoin anthropologique de religieux, dans le rejet de toute dimension sacrée de la vie humaine, le laïcisme n’est pas la solution mais une partie du problème. Sans compter la dérive libertaire, individualiste et hédoniste de la société française qui nourrit chez les musulmans un double sentiment explosif d’infériorité en termes de puissance et de supériorité en termes de civilisation. Comment, face à une société qu’ils jugent décadente et apostate, les musulmans ne se sentiraient-ils pas agressés dans leur être de croyant et leur identité profonde ? L’islam n’est au fond que le miroir qui nous renvoie l’image de tout ce que nous avons perdu, et notamment l’idée même du sacré qui nous est devenue complètement étrangère.


- Vous les comprenez ?


- Nous sommes le seul pays d’Europe où les signes religieux extérieurs sont pratiquement bannis de l’espace public alors que la pornographie de la marchandise et l’obscénité publicitaire s’étalent à tous les coins de rue et sur tous les écrans. J’ai plus de respect pour un musulman qui fait sa prière cinq fois par jour que pour un bobo écolo à trottinette. Plus de respect pour la pudeur d’une femme voilée que pour les lolitas de 13 ans en string. En tant que catholique, je ne me scandalise pas qu’un croyant puisse mettre la loi naturelle au-dessus des lois de la République.


- Alors la guerre civile est inéluctable ?

- Non. Le problème n’est pas tant l’islam que l’immigration. Faute d’assimilation possible, il faut prévenir les risques de conflit par une politique volontariste qui s’attache à réduire, par tous les moyens et de façon drastique, le poids démographique de l’islam en France, tout en laissant les musulmans parfaitement libres de pratiquer leur religion sur le territoire national.


- Quel est pour vous l’ennemi principal ?

- Ce n’est à coup sûr ni l’immigré ni le musulman. Mais bien plutôt la classe dirigeante qui, droite et gauche confondues, a créé, en toute impunité sinon en pleine conscience, les conditions de l’explosion qui nous menace aujourd’hui. Après un honteux déni du réel, on assiste, désormais, à l’émergence d’un nouveau politiquement correct à l’intérieur du politiquement incorrect. Il consiste à donner des gages sur les enjeux de société au progressisme libertaire (infanticide des enfants de neuf mois, euthanasie, PMA-GPA) pour mieux faire passer, sous couvert de lutte contre l’islamisme et l’immigration, un discours de classe contre tous les laissés-pour-compte, les réfractaires et les indésirables de la modernité. Comment ne pas mépriser ce monde de la délation, du lynchage et de la ratonnade médiatique ?


(Entretien avec Charlotte d’Ornellas et Geoffroy Lejeune in Valeurs Actuelles, 6/05/2021)

samedi 7 mars 2020

Retour sur le pacte de Marrakech

Le "pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières" adopté le 10 décembre 2018 lors d'une conférence intergouvernementale organisée par l'ONU à Marrakech, approuvé par la France, et ratifié quelques jours plus tard par l'Assemblée générale de l'ONU,  vient après un autre texte des Nations Unies (2000) appelant explicitement aux "migrations de remplacement" !

La Macronie a crié en choeur que ce pacte de Marrakech, qui propose de sanctionner les médias hostiles à l'immigration, n'est pas "contraignant". 

Depuis le début du quinquennat, jamais autant de titres de séjour n'ont été délivrés : 256 000 en 2018, 276 600 en 2019. Les demandes d'asile ont progressé de près de 23% entre 2017 et 2018.

mardi 7 juillet 2015

L'immigration en France : quelques données

La France compte 5,8 millions d'immigrés (8,8% de la population).

Un immigré est une personne née de nationalité étrangère à l'étranger et résidant en France.
Cette définition de l'INSEE inclut donc les naturalisés.
Je suis donc un immigré.
D'ailleurs en Ile-de-France, une personne sur deux est immigrée ou descendante directe d'immigrés (75% en Seine-Saint-Denis).

Depuis 2004, le rythme d'augmentation des entrées d'immigrés en France (+1,6% par an) est dans la moyenne des 34 membres de l'OCDE.

En 2012, la France a accueilli 230 000 émigrés légaux.
Bien moins que l'Allemagne (400 000), pays de vieux. 
Un peu moins que le Royaume-Uni (286 000), pays d'insulaires.

Ça fait une augmentation nette de 90 000 immigrés par an (si on retranche ceux qui repartent chez eux et ceux qui meurent).

Ce sont pour moitié des Européens (en augmentation depuis l'entrée de nouveaux pays dans l'UE au début du siècle et la crise de certains pays méditerranéens) : Portugal, Royaume-Uni, Espagne…
Les musulmans représentent 8%.

La majorité relève du regroupement familial. 
Ensuite, c'est les étudiants. 
Enfin le motif économique (travail).

La France enregistre (en 2013) deux fois moins de demandes d'asile que l'Allemagne, et moins que la Suède. 
Elle a accordé sa protection à 17% (contre plus d'un sur deux en Suède), soit 12 000 personnes.

S'il y a un problème en terme de nombre d'entrées, il ne date pas des années récentes.
Et le vrai problème est l'afflux de clandestins… et la générosité de l'Etat à leur endroit : l'Aide médicale d'Etat procure des soins à environ 250 000 étrangers en situation irrégulière ! 
Il faudrait arrêter ça.
On économiserait environ 800 000 millions d'€ par an.

Le nombre d'expulsion est d'environ 22 000 personnes par an.

(Source : Enquête Pèlerin, avril 2015).