"(…) la guerre froide (…) la majorité des chrétiens optent pour l'Ouest et la plupart des musulmans pour l'Est.
Les forces palestiniennes agissent principalement sous l'égide de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) de Yasser Arafat. Les camps de réfugiés sous son contrôle échappent à l'État et attaquent Israël sans coordination avec les autorités libanaises, ce qui exacerbe les tensions.
Les Accords du Caire de 1969 constituent le moment le plus grave. Les chrétiens s'y opposent car ils légalisent la présence palestinienne armée au Liban et autorisent les Fedayin à mener leurs attaques, ce qui déstabilise le pays. Arafat possède désormais un État dans l'État, plus puissant que l'État libanais.
Sur le plan économique, l'avant-guerre est qualifiée d'âge d’or (…) Mais cette prospérité masque des déséquilibres structurels (…) Cela crée un climat de frustration, surtout chez les chiites. L'un des leurs, l'imam Musa al-Sadr, crée le Mouvement des Déshérités en 1974, origine d'Amal et du Hezbollah.
Le 13 avril 1975, des militants palestiniens ouvrent le feu sur un groupe de Kataeb devant une église d'Aïn el-Remmeneh que leur leader, Pierre Gemayel, inaugure, tuant quatre personnes. En représailles, les miliciens chrétiens tendent une embuscade à un bus de l'OLP transportant des militants et des civils, tuant 27 passagers. De violents combats s'ensuivent alors dans tout le pays…
Début 1976, la Syrie, qui joue le rôle de médiatrice, prépare le déploiement de ses troupes au Liban. À la demande des chrétiens en difficulté, 12 000 soldats syriens interviennent le 1er juin et mènent des opérations contre le MNL, dont les principaux combattants sont palestiniens. Un mois plus tard, la Syrie change de cap : les Syriens bombardent les forces chrétiennes et soutiennent l'OLP.
Cette phase s'achève au sommet de Riyad en octobre qui crée la Force arabe de dissuasion sous l'égide de la Ligue arabe, pour désarmer les milices libanaises et palestiniennes. Majoritairement composée de Syriens au début, elle le devient exclusivement en 1979 et compte 40 000 hommes. La Syrie est désormais au centre du jeu libanais. Elle étend sa domination et maintient un équilibre fragile entre les factions.
Préoccupé par les attaques de l'OLP, Israël lance l'Opération Litani, une invasion limitée, en mars 1978.
(…) la Force intérimaire des Nations unies au Liban (FINUL) est créée afin de surveiller le cessez-le-feu.
Des populations chiites sont déplacées
Le 6 juin 1982, la tentative d'assassinat de l'ambassadeur israélien à Londres par un commando palestinien déclenche l'opération Paix en Galilée, visant à neutraliser l'OLP. Israël occupe le tiers du Liban, du sud jusqu'à l'ouest de Beyrouth, et fait face aux Palestiniens, aux FNL et à l'armée syrienne. L'État hébreu peut compter sur le soutien de ses alliés : l'ALS et les milices chrétiennes. L'invasion mène à l'expulsion de l'OLP, à la pérennisation de la présence de Tsahal dans le sud du pays et à la création du Hezbollah.
Soutenu par l'État hébreu, Bachir Gemayel, chef des Forces libanaises (FL), principale milice chrétienne, est élu président le 23 août 1982. Le 14 septembre, il est assassiné par un membre du Parti social nationaliste syrien (PNPS). Les miliciens chrétiens réagissent violemment, sous le regard de Tsahal, et commettent du 16 au 18 septembre les massacres de Sabra et Chatila, faisant entre 1 000 et
Dans le même temps, chrétiens et druzes s'affrontent dans la guerre de la montagne (1983-1984) (…) Mais les Israéliens se retirent en 1983 (…) Cela laisse place à des combats particulièrement violents entre le PSP de Joumblatt prosyrien, et les FL, soutenues par le président élu, Amin Gemayel…
(…) En quelques semaines, les druzes prennent le dessus : les FL sont expulsées et plusieurs dizaines de milliers de chrétiens fuient.
De son côté, le Hezbollah (…) est accusé d'avoir commis les attentats à la bombe de 1983, qui tuent 63 personnes de l'ambassade américaine, 241 marines et 58 parachutistes français.
En 1991, toutes les milices déposent les armes, à l'exception du Hezbollah…
C'est ainsi que s'achève techniquement la guerre du Liban. Les chrétiens en sortent perdants. Aoun est exilé en France en 1991 et Geagea est incarcéré en 1994. Le pays se reconstruit sans une véritable participation des chrétiens…"
(Extrait d'un article d'Antoine Fleyfel, dans le Bulletin de l'Œuvre d'Orient, 1er trimestre 2025)
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