Le clergé échappe à la taille (l'impôt sur les personnes)…
La gabelle, taxe sur le sel, produit indispensable à la conservation des poissons et viandes mais aussi à l'alimentation du bétail, soumis à un strict monopole royal, fait l'objet d'une détestation particulière (…)
L'extraordinaire créativité fiscale mise en œuvre au cours de ces décennies agit comme un soufflet sur les braises du mécontentement (…)
On crée de nouveaux impôts qui provoquent, en Bretagne, la révolte des Bonnets rouges, au printemps 1675.
Quand il a dû financer la guerre de Hollande, Louis XIV a imposé une taxe inédite sur le papier timbré obligatoire pour tous les actes judiciaires (testament, contrat de vente, inscription dans les registres… ), sur le tabac dont le roi afferme la vente, sur tous les objets en… étain, y compris anciens !
Les patrons de cabarets, ancêtres de nos cafés, sont déchaînés. Partie des villes, la rébellion gagne à l'été les campagnes, notamment dans le centre-ouest de la Bretagne. Un notaire de Kergloff, Sébastien Le Balp, conduit les insurgés (…)
Là encore, la répression conduite par les troupes du duc de Chaulnes, tout au long du mois de septembre, sera sans merci. Exécutions, envoi aux galères, destruction de clochers comme à Saint-Tugdual de Combrit parce que le tocsin a servi à ameuter les paysans (…)
L'écho de la répression est tel qu'il dissuadera de nouvelles révoltes antifiscales armées de même ampleur jusqu'à la fin de l'Ancien Régime (…)
En 1695, est créée la capitation, sur toutes les têtes ; en 1710, le dixième (10 % des revenus)…
Le système de taxation est devenu fou, la réglementation touchant à l'impôt, un maquis impénétrable. De sorte que l'abus fleurit en toute impunité (…)
En 1707, consterné par le foisonnement de taxes et l'appauvrissement des campagnes qu'il a parcourues, le vieux soldat Vauban résume, dans la Dîme royale, la situation d'un pays corseté par l'impôt : « Les choses sont réduites à un tel état que celui qui pourrait se servir du talent qu'il a de savoir faire quelque art ou quelque trafic qui le mettrait, lui et sa famille, en état de pouvoir vivre un peu plus à son aise aime mieux demeurer sans rien faire. »
(Jean-Marc Demetz, in Valeurs Actuelles, 1/12/2020)
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