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dimanche 18 décembre 2022

« Le monde t’a oublié, Toi, son créateur, pour aimer Ta créature au lieu de Toi. » (Saint Augustin)

Augustin n’a pas hérité de la foi de la pieuse Monique, une Berbère franche et peu instruite qui fut touchée au cœur par son Seigneur (…)

À 7 ans, proche de la mort et à deux doigts d’expirer, il demande le baptême avec la foi simple de l’enfant. Tiré d’affaire, ses parents diffèrent le sacrement pour repousser l’entrée difficile dans une vie chrétienne semée de pénitences et de sacrifices (…)


De ces écarts tolérés par la société romaine du IVe siècle et de son amour loyal et fidèle pour une belle inconnue qu’il aima plus de quinze ans, naquit – felix culpa – un fils, Adéodat ; littéralement “Donné par Dieu” (…)


Il se souvient et implore : « Le monde t’a oublié, Toi, son créateur, pour aimer Ta créature au lieu de Toi. » (…)


Augustin a 17 ans lorsqu’il lit l’Hortensius, œuvre aujourd’hui perdue de Cicéron, probablement parce qu’il figurait au programme de ses études. Il y découvre une exhortation à la philosophie qui le séduit : sans doute y pressent-il les premières traces d’une quête de l’absolu qui ne cesse, dès lors, d’habiter son cœur (…) L’ Hortensius le convainc et Augustin choisit, par la philosophie, une école de pensée et de vie pour opérer par cette conversio ad philosophiam une véritable métamorphose qui devient la première étape d’un chemin menant jusqu’à la foi (…)


La Bible le déçoit par la médiocrité de sa traduction latine et par la perversion des hommes : Caïn, Hérode, Pharaon et le roi David tuant son rival Urie dont il convoite la femme. Désolé, il se livre au manichéisme qui pose le mal comme un principe, au détriment d’un Dieu chrétien « alpha et oméga » (…)


Admiré par ses pairs, il s’impose de Carthage à Rome (…) A Milan, il affronte l’évêque Ambroise pour anéantir ses arguments en faveur de la foi catholique. Mais les paroles du futur saint parviennent à annihiler en lui l’orgueil et touchent enfin au fond d’une âme assoiffée de Dieu : « Mon cœur est sans repos tant qu’il ne repose en Toi. » À 32 ans, dans la nuit de Pâques du 24 au 25 avril 387, alors que pointe dans le ciel sombre le matin de la Résurrection, Augustin reçoit le baptême des mains d’Ambroise de Milan (…)


Dans un formidable renoncement, il fuit le faste du monde et disparaît de la vie publique pour rejoindre les siens en Afrique, à Thagaste, dans les terres de son enfance. C’est le hasard pour les uns, la Providence pour les autres, qui le mène, à la mort de son fils Adéodat, âgé de 17 ans seulement, à Hippone où il devient prêtre. Là, entre 397 et 401, il rédige les Confessions et fait entrer le “je” dans la littérature ; un “je” qui désormais vit pour Dieu, se languit de Lui et interroge au-delà des siècles : « Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? »


(Extrait d’un article de Morgane Afif dans Valeurs actuelles, 1/12/2022)

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