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dimanche 29 septembre 2024

La baisse de la natalité en France : tendance nationale suicidaire

Selon un sondage Ifop de 2022, 30% des Françaises en âge d'avoir des enfants affirmaient ne pas en vouloir. 

Parmi les raisons avancées :

- 91% estimaient que la maternité n'était pas nécessaire à leur… épanouissement personnel 😶 ;

- 81% donnaient des raisons d'ordre climatique et politique ;

- 63% des raisons financières et familiales.


« Nous sommes entrés dans une société de l'hypercontrôle avec une projection du projet de vie, d'une maîtrise de sa vie dans tous les détails, notamment avec la publicité de sa réussite sur les réseaux sociaux (…) c'est parce qu'elle confond la naissance avec un projet que notre époque menace le règne du vivant (…)

Notre époque considère le vivant comme un stock de ressources à administrer et à maîtriser. On va gérer le corps des individus comme des réserves de gamètes.

Il faut lire le vocabulaire des techniciens de la reproduction artificielle, c'est à frémir (..) 


Cela déséquilibre tous les réseaux d'interdépendance naturelle. Je pense que c'est la même attitude, cette crise existentielle de la population occidentale, qui nous conduit actuellement à la catastrophe écologique. Cela me semblait d'ailleurs un peu paradoxal de prétendre défendre le vivant en étant engagé dans un combat écologique, tout en refoulant ce qui, en nous, nous rend vivants. C'est-à-dire précisément cette pulsion de donner, de transmettre (…)


Je pense à cette phrase de Hannah Arendt, qui écrit en pleine menace nucléaire: « La natalité est la catégorie politique par excellence. » C'est uniquement parce qu'il y a des petits nouveaux qui viennent au monde que l'on peut imaginer un avenir commun, qui soit toujours inédit (…)


Il est très intéressant de noter que l'une des rares institutions à avoir toujours dénoncé l'ingérence de l'État dans les corps est l'Église catholique. Par exemple, ses dénonciations des politiques malthusiennes dans le tiers-monde dans les années 1970. Or, j'ai découvert que dans son livre posthume, "Les aveux de la chair", publié en 2018, Michel Foucault a consacré les dix dernières années de sa vie à la lecture des Pères de l'Église, sur la question du mariage, de la procréation et de la sexualité en général. Foucault est le seul philosophe à avoir théorisé le "biopouvoir", c'est-à-dire le moment où la politique va s'immiscer dans l'intimité biologique de ses citoyens pour non plus les dominer, mais les gérer. Je m'attendais à lire sous sa plume une dénonciation de la morale sexuelle rigide de l'Église catholique. Or, c'est là que j'y ai lu les choses les plus belles sur la dignité de la procréation. Il a eu l'honnêteté intellectuelle d'aller lire les textes et de les restituer en historien avec une grande fidélité et une grande intelligence, sans forcément partager les points de vue qui étaient développés. Il nous dit ainsi que les Grecs anciens étaient beaucoup plus coercitifs sur les questions de morale sexuelle que les Pères de l'Église.

En revanche, la nouveauté, c'est que l'Église catholique va voir dans la sexualité et ensuite dans la procréation, ce que Foucault appelle un processus de subjectivation, c'est-à-dire un processus par lequel le sujet advient à lui-même et acquiert une dignité d'enfant de Dieu. Foucault cite notamment dans son livre Clément d'Alexandrie qui, au IIè siècle, écrit que la sexualité n'a pas d'abord pour but la procréation d'enfants, mais l'union des couples à l'image de Dieu. Avec Clément, Foucault montre que procréer, c'est poursuivre la création divine en donnant à Dieu des âmes à aimer. C'est superbe.

Faire un enfant, c'est rendre grâce, au sens littéral du terme. C'est-à-dire rendre à Dieu une partie des grâces reçues en lui offrant la plus belle chose que l'on puisse offrir à un dieu d'amour, c'est-à-dire un être à aimer."


Extrait d’un entretien avec Marianne Durano, auteur « Naître ou le néant: Pourquoi faire des enfants en temps d'effondrement? » (in Valeurs Actuelles, 26/09/2024)

mardi 3 octobre 2017

La pilule, les féministes et les eugénistes

"Avant mon enquête, je pensais que la pilule avait été inventée par des féministes et pour les femmes. Mais la réalité s'avère bien différente. 

Celle qui est à l'origine de la pilule que nous avons aujourd'hui s'appelle Margaret Sanger. Cette infirmière américaine était une forte tête féministe, mais ses arguments pour les droits des femmes ne faisaient pas mouche. 
Ce sont finalement les financements de milliardaires eugénistes américains, qui cherchaient à endiguer les naissances des classes populaires, qui ont permis à la contraception orale de voir le jour. En pleine Guerre froide et dans un contexte de tensions raciales, ils y ont vu l'opportunité de contrôler le taux de natalité des classes populaires et, entre autres, de supprimer la tentation communiste. 
Il n'était donc à pas réellement question du bien-être des femmes, on adressait la pilule à des femmes que l'on considérait comme trop peu intelligentes pour maîtriser elles-mêmes leur contraception. 
L'histoire révèle aussi un manque de sérieux lors des premiers tests menés sur la pilule. Sur 850 femmes, cinq sont décédées mais aucune n'a été autopsiée. Finalement, quand la pilule a été créée, nous ne savions pas précisément comment ces hormones agissaient, nous n’avions aucun recul sur les effets d’une prise à long terme."

(Sabrina Debusquat, auteur de "J'arrête la pilule", in La Vie (21/09/2017)