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dimanche 17 juillet 2022

Ukraine, la nouvelle guerre américaine

De 2015 à février 2022, les instructeurs américains auraient formé 27 000 soldats ukrainiens à Yavoriv, près de Lviv, l’une des bases ciblée, le 13 mars, par les Russes.

Hors micros, les généraux du Pentagone expliquent à leurs correspondants qu’ils ne donnent pas cher des Ukrainiens et qu’ils ne veulent alimenter aucun procès en cobelligérance.

Les chiffres des crédits débloqués par le Capitole depuis février atteignent la somme gigantesque de 60 milliards d’euros. C’est une fois et demie le budget annuel de l’armée française.

L’affaire se noue début 2014, quand éclate la révolution de Maïdan, à Kiev. La CIA est à la manœuvre, sous la supervision de la diplomate Victoria Nuland, responsable du dossier ukrainien sous Obama, qui a depuis récupéré et élargi ses prérogatives sous Biden. Le but est de remplacer le président Viktor Ianoukovytch par un leader prêt à couper le cordon ombilical avec Moscou. Quelques semaines plus tard, le Donbass se soulève et Washington accroît son ingérence, notamment par l’envoi d’une kyrielle de conseillers militaires américains (et britanniques) sur le front.

Piotr, un Ukrainien très engagé dans la défense de son pays, ancien légionnaire au 2e régiment étranger de parachutistes, raconte : « On voyait les Anglo-Saxons en première ligne manier eux-mêmes les missiles. La corruption au sein de l’armée était telle qu’ils ne voulaient pas courir le risque que ces armes soient aussitôt revendues sur le marché noir et servent ailleurs contre les soldats américains. » Sept ans plus tard, l’urgence a balayé ces réticences et ce scénario est devenu réalité : près d’un tiers des armes occidentales seraient détournées, selon les spécialistes.

À l’arrière, les forces spéciales étrangères sont occupées à superviser l’armée de “civils” employés sur place par les sociétés privées, européennes et surtout américaines, à qui Washington a délégué une palette de tâches à l’étendue inédite.« Hier, les “contractors” complétaient l’armée américaine ; désormais, ils se substituent à elle », insiste un expert français. 


Dans le Donbass, les Américains aident à construire une “ligne Maginot” adossée aux villes martyres de l’offensive russe actuelle (…)  Des défenses bétonnées, bardées de capteurs électroniques, reliées à un chapelet de dépôts de carburant, vivres et munitions disséminés à l’arrière. (…) « Isolées, les unités ont opposé une défense décentralisée qui s’est révélée redoutable. » (…) 

Ce maillage numérique a été rendu possible par l’entrée en action au-dessus de l’Ukraine, dès le début de la guerre, de la constellation satellitaire Starlink, du milliardaire Elon Musk (…) Et transforme les smartphones des civils en terminaux militaires en se connectant à leurs applications. Exemple : lancée à l’origine en 2020 par l’État ukrainien pour permettre aux citoyens de numériser tous leurs documents officiels, l’application Diia est utilisée depuis le début de la guerre pour géolocaliser et désigner les postes de commandement ennemis en temps réel. À partir de la photo d’un Russe mort au combat, les algorithmes de l’outil de reconnaissance faciale de Clearview AI passent au crible les réseaux sociaux pour l’identifier et envoyer ensuite le cliché à sa famille (…) 

Et pour protéger cette toile numérique géante des cyberattaques russes, les Américains se reposent sur leurs sociétés de cybersécurité. C’est à une filiale de Google que Kiev soustraite directement toute sa guerre numérique.


(extrait d'un article de Mériadec Raffray, in Valeurs Actuelles, 7/07/2022)

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