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lundi 23 décembre 2019

Georges Clemenceau

A la table de son père, Benjamin Clemenceau, le jeune Georges, deuxième de six enfants, apprend à détester la monarchie et à aimer Mirabeau, Danton, Robespierre, et la Révolution. En républicain athée, bien que marié, Benjamin inculque à ses enfants une méfiance atavique envers la religion.

Le jeune homme suit ses études à l'école de médecin de Nantes, puis à Paris, où il devient une figure de l'agitation républicaine du Quartier latin.

(…) il se lie à la référence absolue des révolutionnaires, Auguste Blanqui, dont il va rester l'ami et l'admirateur. Il obtient son doctorat en médecine le 13 mai 1865, avec une thèse hostile au catholique et bonapartiste Louis Pasteur.

Ayant participé à la journée révolutionnaire du 4 septembre 1870, au cours de laquelle est proclamée la République, il est nommé maire provisoire de Montmartre (…) A ce titre, il rencontre l'anarchiste Louise Michel, institutrice du quartier.

Fin octobre, il appuie la révolte des quartiers populaires contre l'annonce des premières négociations d'armistice entre le gouvernement provisoire et Bismarck.

(…) en tant que conseiller municipal de Paris, dont il devient président en 1875, et en tant que médecin du peuple, à la tête du dispensaire qu'il a installé à Montmartre.

Élu le 20 février 1876, comme député du XVIIIè arrondissement de Paris (…) il s'impose comme le chef incontesté des républicains radicaux et de l'opposition d'extrême gauche à ceux qu'il appelle les "opportunistes" (…)

C'est ainsi qu'il provoque à deux reprises la chute de sa bête noire Jules Ferry, en novembre 1881 à propos du protectorat tunisien et en mars 1885 à propos de l'expédition du Tonkin. S'il porte une part de responsabilité dans l'ascension politique de son ancien condisciple du lycée de Nantes, le général Boulanger, dont il obtient en janvier 1886 la nomination au ministère de la Guerre, il ne tarde pas à s'opposer à lui. Mis en cause dans le scandale de Panama…

Écœuré par les pratiques de la "meute" politique, Clemenceau se réfugie dans le journalisme. Devenu rédacteur en chef de La Justice (…) 

Le Grand Pan (1896), dans le quel il fait l'éloge du paganisme précédant le judéo-christianisme (…)

L'affaire Dreyfus lui offre l'occasion de donner toute la mesure de son talent de polémiste à partir d'octobre 1897, lorsqu'il entre comme rédacteur à L'Aurore (…) en 1898, il prend le risque de publier dans son journal le célèbre manifeste d'Emile Zola, "J'accuse…!", dont il a trouvé le titre. Il publie par ailleurs quantité d'articles pour obtenir la révision du procès Dreyfus, soit près de sept cents éditoriaux réunis en sept volumes, parus entre 1899 et 1903, et qui sont de vrais succès populaires.

(…) son anticléricalisme, son anticolonialisme, et son socialisme pragmatique (…) Il a pourtant refusé de rejoindre le nouveau Parti radical-socialiste, créé en 1901. De même il se montre très critique envers le président du Conseil radical Emile Combes, et contribue à la chute de son ministère en janvier 1905, lui reprochant  de ne pas avoir dénoncé le Concordat avec la papauté. Avec la même intransigeance, il critique Aristide Briand, qu'il traite de "socialiste papalin" à propos de son rapport jugé trop conciliant sur la loi de séparation des Églises et de l'État.

Pour la première fois, à l'âge de soixante-quatre ans, Clemenceau obtient un portefeuille ministériel, celui de l'intérieur. Confronté à une vague de grèves sans précédent, parfois quasi-insurrectionnelles sous l'impulsion de la CGT révolutionnaire, il n'hésite pas à se compter comme "le premier des flics", selon sa propre formule. Il envoie des soldats face aux mineurs du Nord, en grève à la suite de la catastrophe de Courrières, et lors de la "fête du TRavail" du 1er mai 1906 à Paris.

(…) présidence du Conseil en 1906…

Il suscite la création de la Police scientifique (…) et des brigades régionales mobiles, surnommées "Brigades du Tigre".

Il est poussé à la démission, le 20 juillet 1909, au terme de l'un des plus longs ministères de la IIIè République (…)

(…) patriote intransigeant (…) il ne cesse d'avertir la France du danger que constitue l'Allemagne et de défendre avec ardeur le projet de loi du gouvernement Barthou, qui vise à allonger la durée du service militaire de deux à trois ans. Ce faisant, il s'attire de nouveau les foudres des socialistes et d'une bone partie des députés radicaux.

(…) le président de la République se voit contraint d'appeler Clemenceau à la Présidence du Conseil le 16 novembre 1917.

Son programme de guerre à outrance (…) obtient un vote de confiance de tous, sauf des socialistes. Après avoir épuré l'administration, il vise à combattre toute tentative de révolte, de mutinerie ou de grève dans les usines, suivant les pacifistes, les défaitistes, et les "embusqués" afin de préserver le moral des troupes. Il consacre un tiers de son temps à la visite des tranchées, suscitant l'admiration des "poilus" pour son courage.

Fort de son prestige, il mène seul la délégation française lors de la conférence de la paix, organisée à Paris de janvier à juin 1919, au grand désarroi du président Poincaré. C'est même lui qui préside le Conseil des Quatre chargé de fixer les règles du jeu, avec l'Américain Wilson, le Britannique Lloyd George et l'Italien Orlando. Il y revendique : la ratification de la réintégration de l'Alsace-Lorraine, les réparations imposées à l'Allemagne et l'assurance de la sécurité de la frontière franco-allemande.

Ses adversaires prétendent que sa volonté s'est considérablement affaiblie après l'attentat dont il a été victime le 19 février 1919, l'anarchiste Emile Cottin lui ayant tiré dessus à trois reprises, mais sans le blesser grièvement.

Critiqué par l'extrême-droite, qui lui reproche d'avoir été trop soumis aux Anglo-Saxons, et par l'extrême-gauche, qui voit en lui un ennemi du monde ouvrier…

(…) écœuré par la médiocrité des politiques. Immergé dans le combat politique, il éprouve la tentation de s'en échapper pour satisfaire son hédonisme absolu, son amour des arts et des femmes, sa passion des civilisations anciennes ou de l'orientalisme.

(…) son meilleur ami Claude Monet à Giverny…

(extrait de "Clemenceau", de Jean Garrigues, Glénat/Fayard)

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