"(…) Réponse à la crise de la pédophilie ? Mais
l'immense majorité des crimes pédophiles dans le monde est commise dans le
cadre de la famille… Congé enfin donné à l'impossible exigence de la
chasteté, tellement inhumaine que de nombreux prêtres ne s'y soumettraient
pas ? Mais pourquoi ceux qui ne sont pas fidèles à cette promesse
faite le jour de leur ordination ne s'autoriseraient-ils pas, demain, à être infidèles
à leur épouse ? Quel que soit le niveau d'engagement demandé, il y
aura toujours des hommes pour ne pas s'y tenir (à ce compte, on devrait
demander aux époux de cesser de se jurer fidélité, tant il y en a qui ne s'y
tiennent pas), et il est probable que le mariage des prêtres, sitôt installé, serait
suivi d'une nouvelle revendication : leur accorder le divorce…
(…) Fausse réponse à un vrai problème - la crise
des vocations -, le mariage des prêtres (…)
Il n'en reste pas moins que, au moins dans l'imaginaire occidental, le célibat est assimilé à la prêtrise : choisi et non subi, c'est ce qui distingue le prêtre du reste des hommes, c'est ce qui impressionne ou qui scandalise. C'est ce qui fait de lui, littéralement, un homme à part, un point d'interrogation vivant qui est la meilleure porte d'entrée à l'évangélisation (…)
Il n'en reste pas moins que, au moins dans l'imaginaire occidental, le célibat est assimilé à la prêtrise : choisi et non subi, c'est ce qui distingue le prêtre du reste des hommes, c'est ce qui impressionne ou qui scandalise. C'est ce qui fait de lui, littéralement, un homme à part, un point d'interrogation vivant qui est la meilleure porte d'entrée à l'évangélisation (…)
Et pas seulement parce que, pour une société hypersexuée, et qui a fait de la sexualité débridée, non seulement une chose banale, mais un bien de consommation comme un autre, la valorisation de la chasteté est un intolérable scandale auquel il est urgent de mettre un terme.
En réalité, le célibat imposé aux prêtres
dans l'Église latine n'est pas une question d'efficacité et de
disponibilité - même si ces aspects ont aussi leur importance. Le célibat, c'est pour le prêtre
le signe et la mise en œuvre à la fois de la radicalité de son engagement au
service du Christ et des hommes (…)
Pour l'imitation de Jésus, pour le service
de l'homme, le prêtre renonce au mariage comme à la fécondité physique, et ne veut connaître que l'union
mystique et la paternité spirituelle.
Si la forme radicale de chasteté que la vocation sacerdotale
implique est au-delà de ce qui semble naturel à un homme, c'est le signe que le
prêtre n'est pas un homme qui compte sur ses propres forces pour
atteindre un but humain qu'il s'est fixé, mais bien un envoyé de Dieu, qui
répond avec confiance à l'appel de Celui-ci et sait en retour qu'il peut
compter sur sa grâce, pour peu qu'il y soit lui-même fidèle, pour aller
au-delà de ses propres forces afin de collaborer à l'œuvre de Dieu. C'est,
en définitive, le signe et la marque du caractère proprement surnaturel de sa
mission.
Or c'est justement ce caractère surnaturel qui est odieux à
tous ceux qui ne supportent pas la prétention de l'Église catholique à la
transcendance et voudraient en faire une ONG parmi d'autres (…)"
(Extrait d'un article de Laurent Dandrieu, in Valeurs actuelles 7/11/2019)
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