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jeudi 2 mai 2019

"Jouir et punir"

Le paradoxe de la société libérale par Jean-Claude Michéa.
(Extrait d'un article d'Emmanuel Roux, in Limite, mai 2018)

"L'harmonie par le marché, la coexistence pacifique par le droit : tesl sont désormais les deux "opérateurs" qui font tenir une société d'individus rationnels et vont contribuer à dissoudre tous les facteurs traditionnels de sociabilité et d'auto-organisation collective. La civilisation libérale se définit donc par la foi dans la vertu sociale du droit et du marché (…)

Le marché pour les forts, le droit pour les faibles. Le marché comme règle sociale, psychologique, politique, le droit comme correctif (…)

Le flux de la jouissance est aussi libéré que le flux de la parole est scruté, disséqué, jaugé à l'aune de nouvelles catégories morales (…)

On s'arrête là pour la mise en évidence du paradoxe : notre civilisation vit sous l'injonction paradoxale d'une course à l'émancipation d'un côté et d'une pénalisation incessante de la vie sociale et civile de l'autre (…)

(…) le marché produit (…) la pathologie du "vivre ensemble sans autrui" selon l'expression de Jean-Pierre Lebrun (…) "there is no society" comme disait Margaret Thatcher. Vient le moment des identités collectives de substitution, sous le dehors rassurant mais trompeur des minorités dominées (…)

Alors vient la nouvelle guerre de tous contre nous. Si le droit incarne l'identité individuelle et collective (alors qu'il était censé permettre sa relation à l'autre), vouloir des droits, c'est assurer ma survie existentielle. mais dès lors que je constitue mon identité par le droit, ma singularité n'existe sur sur fond de différence affirmée (…) Je ne conquiers mon identité que "sur", "contre". C'est la juxtaposition des particularités qu'aucun universel ne vient rassembler."

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