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mercredi 24 avril 2019

Charlemagne (747-814)

"La première grande conquête de Charles est celle du royaume des Lombards : d'une part, il répond à l'appel du pape dont les terres sont menacées par la volonté d'expansion du roi Didier ; d'autre part, il élimine ainsi tout risque de voir ses neveux revendiquer une part de l'héritage de Pépin. Le royaume des Lombards devient le royaume carolingien d'Italie (…)

A partir de 795, les armées franques organisent plusieurs opérations pour mettre la main sur le trésor des Avars (…)

Enfin, les Saxons ont donné beaucoup de fil à retordre à Charlemagne : trente années de guerre, ponctuées de victoires des Francs et de rébellions des Saxons, de massacres et de conversions forcées. Malgré le ralliement et la conversion au christianisme du chef de la révolte, Widukind, en 785, les soulèvements persistent jusqu'à la fin des années 790, sans doute en raison de la brutalité de la politique menée contre le paganisme et du manque d'intégration des élites dans la politique franque (…)

Ce royaume est disparate, car les différentes régions y ont été intégrées en conservant leurs lois, leurs langues, et, la plupart du temps, leurs élites qui se sont ralliées au roi carolingien. Ces élites, laïques et ecclésiastiques, représentent un soutien indispensable à la politique de Charlemagne et lui fournissent l'essentiel des administrateurs, comtes et évêques. Les comtes sont les représentants du roi dans tout le royaume et ils exercent de nombreux pouvoirs, militaires, fiscaux, policiers et judiciaires (…)

Les évêques et les abbés (…) en diffusant la connaissance du bon latin pour toutes les parties du royaume puissent communiquer dans une langue unique et bien maîtrisée par tous.

A la Cour se trouvent également nombre d'ecclésiastiques parmi les plus grands savants de l'époque et qui viennent de l'Europe entière : en particulier l'Anglo-Saxon Alcuin, qui a été un des principaux inspirateurs des réformes de Charles, mais aussi Théodulf qui vient d'Espagne et Paul Diacre qui est italien. C'est dans ce cercle qu'on a forgé l'idée d'une suprématie de Charles et des Francs sur l'ensemble de l'Europe, une idée qui rencontre la volonté du pape de restaurer la dignité impériale en Occident.

Charles, comme son père Pépin, a toujours eu d'excellentes relations avec la papauté et en particulier avec le pape Hadrien (772-795). Depuis le début du VIIè siècle, le pape se tourne davantage vers le roi franc pour assurer sa protection, au détriment de l'empereur byzantin qui n'a plus les moyens d'intervenir en Italie.

(…) le pape Léon II, qui succède à Hadrien en 795, est très rapidement contesté par l'aristocratie romaine et, victime d'un véritable attentat, il doit se réfugier auprès de Charles en 799 à Paderborn. Après avoir diligenté une enquête, Charles se rend à Rome à l'automne de l'an 800 avec une grande partie de la Cour franque. Il oblige le pape à se disculper par serment des faits dont on l'accuse devant une large assemblée composée de Francs et de Romains. Mais l'assemblée délibère aussi de la nécessité de restaurer l'empire car, à Byzance, l'impératrice Irène a pris le pouvoir par un coup d'Etat et prétend régner en son nom propre : considérant qu'une femme ne peut être empereur, les grands estiment que le titre impérial est vacant et que Charles qui détient l'autorité sur la quasi-totalité de l'Occident et protège l'Eglise de Rome, mérite de porter ce titre.
Le jour de Noël, le pape couronne Charlemagne dans la basilique Saint-Pierre de Rome avant même qu'il ait été proclamé empereur par la foule, se posant ainsi en véritable arbitre du titre impérial. Désormais, tous les souverains d'Occident qui ambitionneront de porter la couronne impériale devront faire le voyage jusqu'à Rome pour la recevoir des mains du pape.

(…) l'empereur réside le plus souvent à Aix-la-Chapelle (…) il ne lègue le titre impérial à aucun de ses enfants et partage son royaume entre ses trois fils : Charles, Pépin et Louis. Mais les deux premiers décéderont avant leur père et, de ce fait, c'est Louis, roi d'Aquitaine depuis 781, qui recueillera tout l'héritage de Charles.

Dès le courant du IXè siècle, Charlemagne est déjà donné comme modèle à tous les souverains, puis deviendra l'empereur "à la barbe fleurie" qui peuple les chansons de geste dont l'essentiel de la matière s'inspire des hauts faits de la conquête carolingienne.

Ce que nous savons du règne et de la personnalité de Charlemagne provient de plusieurs grands récits qui ont été composés peu de temps après la mort de l'empereur, notamment la Vie de Charlemagne d'Eginhard, un savant élevé à la cour de Charles devenue le secrétaire de son fils Louis le Pieux.

On est également très bien renseigné sur les relations entre Charles et la papauté grâce au Livre des papes, une chronique de chaque pontificat rédigée à Rome de façon quasi contemporaine des évènements.


La Chanson de Roland, où les Basques qui ont attaqué l'arrière-garde deviennent des Sarrasins dans le contexte de la croisade.

(…) la plupart des représentations iconographiques affublent Charles d'une barbe qu'il n'a jamais portée.

Il n'existe aujourd'hui plus aujourd'hui de bâtiments carolingiens, à l'exception de la chapelle d'Aix et de quelques petites églises…"

(Geneviève Bührer-Thierry in "Charlemagne", Glénat/Fayard)

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