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mercredi 2 janvier 2019

1918, aux racines du chaos au Proche-Orient

"Dès la fin du XIXe siècle, les Allemands envoient des espions dans l'Empire ottoman qui, sous couvert de missions archéologiques, fomentent des rébellions. L'un d'entre eux, Max van Oppenheim, un archéologue, va convaincre Guillaume II de mettre en place une stratégie étonnante : le djihad (…)  Objectif : jouer sur la solidarité de la communauté musulmane, en cas
de conflit avec l'Angleterre. « Il va de soi qu'un appel au djihad lancé par le sultan ottoman, calife de l'Islam et commandeur des croyants, pourrait provoquer de sérieux troubles dans les colonies de sa majesté et surtout en Inde, où vivent 100 millions de musulmans », écrit ainsi l'historien Jean-Yves Le Naour dans son livre Djihad 14-18 (Perrin).

Les Français seraient aussi déstabilisés en Afrique du Nord, les Russes en Asie centrale et au Caucase. La guerre sainte sera bel et bien déclarée par le sultan Mehmet V lorsque les Ottomans déclenchent les hostilités au côté des empires centraux. Mais le plan ne fonctionne pas comme prévu et l'utilisation de l'arme religieuse ne s'avère pas payante. Surtout en Afrique du Nord, où la loyauté des sujets français se manifeste : environ 40 000 Marocains, 170 000 Algériens, 80 000 Tunisiens partent ainsi combattre en France (…)
Après la guerre, les Bolcheviks arrivés au pouvoir à Moscou reprennent le flambeau des Allemands en tentant de se rapprocher des « Musulmans » d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient (…)
Les Britanniques se sont entendus en secret avec les Français sur le partage du Proche-Orient ottoman. Ce sont les accords Sykes-Picot, conclus dès le 9 mai 1916 par le Français Georges Picot et l'Anglais Mark Sykes. En 1921, les Britanniques créent même de toutes pièces un État, l'Irak, dans une zone où cohabitent sunnites, chiites et kurdes. Pire : ils y parachutent un roi étranger, Fayçal, le fils du roi Hussein de La Mecque. Quant aux promesses faites aux Kurdes et aux Arméniens, elles volent en éclat après la victoire sur les alliés de Mustapha Kemal, le futur Atatürk, qui reprend les territoires qui devaient constituer une partie de ces deux pays."

(extrait d'un article d'Anne Guion, La Vie, 8/11/2018)

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