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dimanche 25 juin 2023

Du savoir et de l'intelligence, selon Michel Serres

Vous savez ce qu'on appelle un auteur ? Auteur vient du latin « auctor », qui voulait dire « celui qui répond devant les tribunaux », du point de vue juridique, ou celui qui signe l’aval sur les traites, qui se porte garant du fait que la traite sera payée. L'auteur, théoriquement, est celui qui se tient derrière quelqu'un qui ne l'est pas, qui n'est pas majeur, devant le tribunal, ou qui n'est pas solvable.

Les gens ne pensent plus qu'à deux. Comme un élément référé. On a derrière soi un auteur, un « auctor ».


Comme je ne suis plus l'auteur, je ne prends plus de risque. « Je ne vous parle pas comme auteur, mais d'autorité. Mon autorité est ailleurs. »


Plus personne ne signe comme auteur. Signant comme auteur, il prendrait des risques, prenant des risques, il ferait attention, non pas à ses références mais à l'objet dont il parle, et faisant attention de façon dure à l'objet dont il parle, il rendrait plus acéré le côté intelligent.


Je distingue avec soin savoir et intelligence. Le savoir est une performance faite méthodiquement. Et l’intelligence, c'est le risque pris de l'aventure. Le savoir a pour objectif l'assurance. L'intelligence est fine, jeune, active, souple, intuitive, vive, elle est la vie au sens presque poétique de la connaissance. Elle a toutes les vertus de type léger.


L’intelligence est intuitive, c'est le contact direct avec la chose, sans tenir compte des médiations. Le contact direct avec le nouveau. L'intelligence est aiguë, tranchés, brillante, jeune. Dansante. Toutes vertus condamnées par l’Université.


L’intelligence, c'est la rareté. C'est donc ce qu'il y a de plus rare. Un peu comme la vie est rare par rapport à la matière. Un peu comme est rare un texte un texte sans appel de notes.

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