Nombre total de pages vues

dimanche 6 mars 2022

Ukraine, histoire d'une nation en quête d'avenir

7 000 kilomètres d’est en ouest, 

2 000 kilomètres du nord au sud


Au Ve siècle, les Antes, une population slave, donnent au pays une physionomie définitive, que n’altéreront pas la domination des Khazars altaïques du VIIe au IXe siècle, celle des Varègues scandinaves à partir de 882, et enfin celle des Turco-Mongols, aux XIIIe et XIVe siècles.

Ce qui attire les migrants ou les conquérants en Ukraine, c’est le tchernoziom (“terre noire”) des régions centrales : un sol où les marnes et les argiles, mélangées à des débris organiques, assurent des récoltes céréalières exceptionnelles (…)


Les couleurs nationales actuelles, bleu et or, y font allusion, selon Benoist-Méchin : « Le bleu intense du ciel et des fleuves – le Don, le Dniepr, le Boug et le Dniestr – […] ; l’or, qui est la couleur de la plaine elle-même, lorsqu’elle se couvre en été […] de céréales. »


L’Ukraine méridionale, plus sèche, offre une autre richesse : la prairie herbacée, propice à l’élevage (…) une nouvelle population s’y forme : les Cosaques.


La dualité entre les agriculteurs sédentaires et les éleveurs nomades, entre paysans et Cosaques, marquera désormais toute l’histoire ukrainienne. Les conflits sont fréquents entre les deux groupes. Même s’ils coopèrent non moins fréquemment contre des ennemis communs


Un chef varègue, Oleg (Helgi en norrois), fonde à la fin du IXe siècle le premier État de la région : la principauté de Rus (…)


Anne de Kiev, une fille du grand-prince Iaroslav, épouse un roi de France, Henri Ier, en 1051.

Kiev, sur le Dniepr, au croisement de toutes les routes fluviales et terrestres, est alors une capitale fastueuse : « Elle dépassait de loin toutes les cités de l’Europe occidentale, avec sa cathédrale dont les bulbes dorés scintillaient au soleil, et ses marchés qui faisaient l’admiration des voyageurs. »
Mais en 1240, les Mongols brûlent Kiev et détruisent la Rus (…)

Et c’est sous l’égide polonaise que l’ancien pays de Kiev est repeuplé et remis en valeur au XVIe siècle : une mainmise que renforce, en 1595-1596, la mise en place d’une religion hybride, dite “uniate”, orthodoxe par sa liturgie mais catholique par sa théologie et sa discipline.
La Moscovie évolue dans le sens inverse : elle chasse les Mongols en 1480, se dote d’un État fort et se pose en championne de l’orthodoxie.
Dès 1625, les révoltes contre les Polonais se multiplient en Ukraine (…)

Ayant unifié les Cosaques et mobilisé les paysans orthodoxes, l’hetman Bogdan Khmelnitski anéantit l’armée polonaise en quelques semaines à peine (…)

En 1667, par le traité d’Andrussovo, la Moscovie et la Pologne se partagent l’Ukraine. Le tsar s’empare de Kiev et des régions situées à l’est du Dniepr, y compris les steppes cosaques. Puis des régions à l’ouest du Dniepr quand la Pologne est divisée à son tour, en 1772, 1793 et 1795. L’Ukraine est soumise à une politique de russification tout au long du XIXe siècle (…)

Finalement, les bolcheviques l’emportent et, en 1922, créent une République soviétique ukrainienne nominalement souveraine, mais soumise à un Parti communiste russophone. Le nouveau régime est bien plus féroce avec la paysannerie ukrainienne que ne l’avait été celui des tsars (…) Si bien qu’en 1941, les envahisseurs allemands sont souvent accueillis en libérateurs (…)

La Russie intervient sans cesse pour maintenir à Kiev des gouvernements dociles à son égard. À défaut, elle grappille des lambeaux du territoire ukrainien : la Crimée, annexée en 2014, le Donbass, où des milices russophones ont proclamé deux “républiques autonomes”. Les nationalistes ukrainiens ne voient d’autre issue qu’une adhésion de leur pays à l’Union européenne et à l’Otan. Mais pour la Russie, ce ne serait qu’une nouvelle version de la “Grande Pologne” du XVIe siècle : c’est-à-dire une menace géopolitique mortelle.

(Extraits d'un article de Michel Gurfinkiel, in Valeurs Actuelles, 11/02/2022)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire