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lundi 15 novembre 2021

Propos de Michael Shellenberger sur l'alarmisme écologique

Militant de la cause écologique, parti à 25 ans travailler aux côtés des paysans pauvres d’Amérique du Sud, nommé “héros de l’environnement” par le magazine Time en 2008, Michael Shellenberger dirige aujourd’hui une association de défense de la nature qui promeut ouvertement l’énergie nucléaire. Son livre, "Apocalypse Zéro", qui s’est classé en tête des ventes aux États-Unis et qui est aujourd’hui publié en français, revient sur son parcours, sa prise de conscience de ce que l’écologie radicale se fourvoyait et sur toutes les raisons qu’il y a de croire au « potentiel positif de l’humanité ». 


« En Californie, l’interdiction des sacs plastique a entraîné leur remplacement par des sacs en papier et d’autres sacs plus épais, ce qui aggrave les émissions de carbone en raison d’une fabrication très énergivore. Les sacs en papier devraient être réutilisés quarante-trois fois pour avoir un impact moindre sur l’environnement. En outre les sacs plastique ne constituent que 0,8 % des déchets plastiques dans les océans (…)

Filets et lignes de pêche représentent la moitié de tous les déchets du tristement célèbre vortex de déchets du Pacifique nord.


La superficie totale des terres dévolues par l’humanité à la production de viande a culminé en 2000. Depuis lors, selon la FAO, les terres dédiées à l’élevage sur l’ensemble de la planète ont reculé d’environ 1 400 000 kilomètres carrés, une superficie qui représente près de deux fois et demie la France métropolitaine. Tout ceci s’est produit sans révolution végétarienne. Aujourd’hui, seuls 2 à 4 % des Américains sont végétariens ou végétaliens (…) 

Cela est dû en partie à la substitution du poulet au bœuf. Un gramme de protéines de bœuf nécessite deux fois plus d’énergie sous forme d’aliments pour animaux qu’un gramme de porc, et huit fois plus qu’un gramme de poulet (…)

La production de viande a pratiquement doublé aux États-Unis depuis le début des années 1960, et pourtant les émissions de gaz à effet de serre dues au bétail ont baissé de 11 % durant la même période. […]


L’un des plus grands centres de stockage de batteries au lithium au monde se trouve à Escondido en Californie. Mais il ne peut stocker assez d’énergie que pour environ 24 000 foyers américains pendant quatre heures (…)

Un village indien a fait la une des journaux du monde entier après sa révolte contre les panneaux solaires et la batterie à “micro-réseau” que Greenpeace avait créé comme modèle supposé de saut technologique pour les populations les plus pauvres du monde. L’électricité, peu fiable, était coûteuse. « Nous voulons de la vraie électricité, ont scandé des villageois à un politicien de l’État, pas de la fausse ! »”


(…) le nombre de morts liés aux catastrophes naturelles a considérablement diminué et devrait encore décliner avec une adaptation continue. 


Je crois que si les spécialistes de l’environnement, les journalistes et les militants passaient plus de temps à discuter avec les gens qui vivent en Indonésie ou au Congo de leur combat quotidien, ils seraient moins prompts à s’obnubiler sur la fin du monde, et moins enclins à paniquer devant chaque nouveau problème environnemental. ”


Une minorité d’Occidentaux riches, dépressifs et hargneux a sciemment menti au public en l’amenant à croire que le progrès technique et l’humanité au sens large détruisent la planète au lieu de la protéger.


(…) l’ignorance grossière des élites politiques, financières, médiatiques, leur méconnaissance des réalités de base ont tout d’un aveuglement volontaire. Pour ces gens-là, le catastrophisme environnemental participe d’une attitude mimétique dont ils espèrent qu’elle favorisera leur reconnaissance, leur intégration au sein de groupes où tout le monde pense comme ça ; c’est une façon d’être, un statut, en somme, qui leur permet d’aller parader ensuite sur ces grandes scènes de la nouvelle religion dominante que sont Davos, les Nations unies, les conférences Ted, etc.


Le nucléaire a ruiné les rêves de la gauche radicale des années 1950-1960. Le nucléaire militaire, parce qu’il a imposé la paix au monde, par l’équilibre de la terreur, bien plus efficacement que l’amour entre les peuples (ou même la simple raison), privant la gauche d’un argument majeur pour espérer renverser les gouvernements et prendre le pouvoir (…)

Pour la gauche radicale, et aussi d’ailleurs pour une certaine droite réactionnaire, le nucléaire est une catastrophe parce qu’il règle les questions d’indépendance nationale, de sécurité économique et de préservation de l’environnement sans qu’il soit nécessaire d’en passer par le contrôle social et la manipulation de l’opinion publique (contrairement à ce qui se fait avec les énergies renouvelables).


(…) journalistes, industriels ou politiques, utilisent l’alarmisme pour faire de l’argent sur le dos des contribuables, se gaver de subventions destinées à soutenir des sources d’énergie parasitaires, capricieuses, à base de panneaux solaires fabriqués en Chine par des esclaves musulmans ou de moulins à vent qui déciment les populations d’oiseaux. L’alarmisme donne aussi à tous ces scientifiques activistes, ces journalistes militants, ces escrocs verts une dose d’excitation, un frisson, comme ces enfants qui jouent à se faire peur pour Halloween.


L’environnementalisme apocalyptique est en effet un faux dieu pour âmes en peine.


(…) au lieu de ressentir une immense gratitude, ces militants éprouvent de la colère contre cette société qui les a tant gâtés.

Au lieu de voir la Chine comme ce qu’elle est, un régime totalitaire qui menace nos démocraties libérales, ils soutiennent qu’il n’y a de diable qu’occidental, parce que nous nous serions mal comportés voilà cent ou deux cents ans.

Il n’y a qu’une chose à faire : tendre un miroir à tous ces activistes, leur dire enfin qu’ils se comportent comme des individus névrosés, narcissiques et nihilistes.


(Propos et extraits de livre par Mickaël Fonton, in Valeurs Actuelles, 28/10/2021)

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