Nombre total de pages vues

dimanche 4 août 2019

Napoléon

"L'exemple de la révolution anglaise du XVII siècle est invoqué (Louis XVI décapité comme Charles Ier) : c'est un général, Monck, qui l'a terminée. Pourquoi pas en France ? (…)

Le vainqueur de la campagne d'Italie, Bonaparte, juge en 1798 que son heure n'est pas venue et va se perdre dans les sables d'Egypte (…)

En 1799, Bonaparte, de retour d'Egypte, débarque dans la baie de Saint-Raphaël (…)

De parlementaire le coup d'Etat devient militaire et c'est Bonaparte, et non plus Sieyès, qui est désormais l'homme fort du nouveau régime.
En deux ans, Bonaparte, nommé Premier consul, s'aidant d'une nouvelle Constitution, va redresser la situation.
Il met fin à la guerre de Vendée et purge le territoire des bandes de brigands grâce à une justice expéditive. Il apaise les tensions religieuses en signant un concordat avec le pape, qui réorganise l'Eglise de France et donne un nouveau statut aux protestants.
La loi du 17 février 1800 établit la centralisation : le préfet et un conseil général à la tête du département, un sous-préfet et un conseil dans l'arrondissement, un maire et un conseil municipal pour la commune. Tout part de Paris et remonte à Paris (…)

A partir de 1802, le budget est en équilibre, s'appuyant sur une nouvelle monnaie, le franc germinal, qui va rester stable jusqu'en 1914, et la Banque de France fondée en 1800 Bonaparte crée aussi une décoration, la Légion d'honneur…

Aux complots des jacobins qui considèrent le Premier conseil comme un tyran succèdent des attentats royalistes dont l'explosion d'une machine infernale, le 24 décembre 1800, sur le passage de la voiture de Bonaparte se rendant à l'Opéra (…)

(…) un référendum est organisé sur la question : "Napoléon (c'est la première fois que ce prénom apparaît) Bonaparte sera-t-il consul à vie ?". Le 2 août 1802, les résultats sont proclamés : 3 568 885 oui contre 8 374 non.

La guerre reprend en 1803 avec l'Angleterre. De Londres est montée une conjuration autour du chef chouan Cadoudal (…) Les conjurés envisagent d'enlever (et d'assassiner) Bonaparte lorsqu'il se rend dans sa résidence de Malmaison. Viendrait un prince qui préparerait le retour du roi. Ce prince était-il le duc d'Enghien, alors sur le territoire de Bade ? Bonaparte le croit. Le duc est arrêté, emmené au donjon de Vincennes, jugé par une commission militaire et fusillé le 21 mars 1804.
En faisant exécuter un Bourbon, Bonaparte rassure tous les profiteurs de la Révolution qui redoutaient la restauration de Louis XVIII (…)

Toutefois proclamer un roi serait désavouer la Révolution. Le titre d'empereur renvoie aux lointains Carolingiens et met le souverain français sur le même plan que l'empereur de Vienne et le tsar de Saint-Pétersbourg.

Pour vaincre l'Angleterre, Napoléon imagine un débarquement sur ses côtes (…) la Manche, que contrôlent les vaisseaux anglais (…) Villeneuve, avec le gros des vaisseaux français et espagnols (alliés de la rance) est vaincu par Nelson à Trafalgar le 21 octobre 1805 (…) le cabinet britannique forme une nouvelle coalition contre la France, la troisième depuis 1793, réunissant l'Autriche, la Russie et les Bourbons de Naples.

L'affrontement décisif ente les trois empereurs, Napoléon d'un côté, François II et Alexandre Ier de l'autre, a lieu à Austerlitz, le 2 décembre 1805 (…) Engagée au lever du soleil (le fameux soleil d'Austerlitz), la bataille s'achève vers 16 heures par la déroute des Autrichiens et des Russes.

Il abandonne Venise, l'Istrie et la Dalmatie qui vont former avec Milan le royaume d'Italie dont le souverain est Napoléon. L'Autriche verse à la France une énorme indemnité de guerre.

Le Saint Empire romain germanique disparaît. François II devient François Ier d'Autriche. La Hollande devient un royaume confié à Louis Bonaparte. Napoléon punit le roi de Naples, entré dans la coalition, en le détrônant et en le remplaçant par Joseph Bonaparte.
La Prusse ne peut admettre la présence française en Allemagne. Elle lance, le 26 août 1806, un ultimatum à la France : Napoléon doit ramener ses troupes en deçà du Rhin avant le 8 octobre. Une nouvelle fois, vitesse et surprise sont à la base de la campagne de Napoléon. Les Prussiens sont battus à Iéna et Auerstaedt, le 14 octobre 1806. Le 27 octobre, Napoléon entre dans Berlin. Le roi doit se réfugier auprès du tsar tandis que les Français occupent une grande partie du royaume.

Les Etats enlevés à la Prusse formeront le royaume de Westphalie, confié à Jérôme Bonaparte.

Face à l'Angleterre, Napoléon ne peut espérer l'emporter sur mer après le désastre de Trafalgar. Il porte la guerre sur le plan économique (…) En 1806, Napoléon signe le décret de Berlin : "Article premier. LEs îles Britanniques sont en état de blocus." (…) ce sont les ports du continent qu'il fait fermer aux négociants britanniques.

Les Autrichiens attaquent en Bavière, avec l'archiduc Charles, en Italie et en Pologne, en avril 1809. De nouveau la riposte de Napoléon est foudroyante (…) Napoléon réussit à vaincre Charles à Wagram, le 6 juillet 1809 (…) Pour éviter un démembrement - demandé par certains anciens révolutionnaires- de son empire, François II consent à donner à Napoléon, divorcé de Joséphine et soucieux de s'assurer un héritier, la main de sa fille Marie-Louise. Elle est la nièce de Marie-Antoinette. La Révolution semble loin.
Napoléon est maître du continent européen. A la France de bientôt 130 départements, il ajoute la Confédération du Rhin dont il est le protecteur, l'Italie du Nord (Milan et Venise) dont il est le roi, les cantons suisses dont il est le médiateur. Joseph Bonaparte règne sur l'Espagne, Louis, jusqu'en 1810, sur la Hollande, Jérôme sur la Westphalie et Murat, époux de Caroline, sur Naples. Bernadotte va être désigné comme prince héritier de Suède. Seules les îles échappent à Napoléon : l'Angleterre, la Sicile, la Sardaigne (…)

L'alliance franco-russe scellée à Tilsit en 1807 se fissure dès l'année suivante. Bien qu'ayant refusé la main de sa sœur à Napoléon, le tsar Alexandre Ier a été blessé par le mariage de l'Empereur avec une princesse autrichienne. Par ailleurs son pays souffre du blocus continental qui lui interdit d'exporter son blé et son chanvre en Angleterre (…)

C'est Alexandre qui prend l'initiative de la rupture (…) en avril 1811, le tsar masse des troupes à la frontières du duché de Varsovie (…) Mais la guerre semble inévitable. Napoléon l'engage alors qu'il est mis en échec en Espagne où Wellington s'empare de la place stratégique de Ciudad-Rodrigo. Il doit combattre sur deux fronts. Première erreur. Le 24 juin 1812, Napoléon franchit le Niémen avec une armée de plus de cinq cent mille hommes, l'armée dite des vingt nations (…)

Trop loin de Paris et craignant l'hiver, Napoléon décide, le 19 octobre, de se replier. Mais il prend la route de l'aller, nouvelle erreur, et se retrouve surpris par un hiver précoce (…) à peine vingt-cinq mille hommes encore organisés repassent le Niémen le 16 décembre (…)

Sous la pression de l'opinion, la Prusse rejoint la Russie. Napoléon remporte en mai 1813 les victoires de Lützen et Bautzen sur les forces russo-prussiennes, mais l'Autriche ayant rejoint la coalition, il est vaincu sous le nombre lors de la bataille de Leipzig, du 16 au 19 octobre 1813, et doit repasser le Rhin. L'Allemagne est perdue pour lui.
A son tour la Hollande se soulève en novembre 1813. Battues par Wellington, le 21 juin 1813, à Vittoria, les forces françaises évacuent l'Espagne (…)

L'Empereur n'est pas un souverain comme les autres, mais une sorte de dictateur de salut public.

Deux armées menacent Paris, l'une sous le Prussien Blücher, l'autre sous l'Autrichien Schwarzenberg (…)

Talleyrand, resté dans Paris qu'avaient abandonné l'impératrice et le roi de Rome, négocie avec le Sénat, la formation d'un gouvernement provisoire qu'il préside, puis la déchéance de Napoléon et enfin l'appel à Louis XVII.
Abandonné par ses maréchaux, las de combattre, Napoléon abdique sans conditions, le 6 avril. Le traité de Fontainebleau lui assure le titre d'empereur et la souveraineté sur l'île d'Elbe, ainsi qu'une pension de deux millions versée chaque année par la France (…)

Les maréchaux, Marmont en tête, dont la défection a précipité la chute de Napoléon, se rallient à Louis XVIII qui promet de respecter le principe de l'égalité et la suppression de la féodalité (…)

Louis XVIII refuse de verser la pension de deux millions, ce qui rend caduc le traité de Fontainebleau et donc l'abdication de Napoléon.

Le 26 février 1815, Napoléon quitte l'île d'Elbe (…) En vingt jours, il va gagner Paris, porté par les paysans et les ouvriers (…) L'armée (…) se rallie rapidement à l'Empereur (…) Louis XVIII s'enfuit à Gand.

Napoléon a commis l'erreur de reprendre Joseph Fouché comme ministre de la Police. Celui-ci, sceptique quant aux chances de succès de Napoléon, prépare, comme Talleyrand en 1814, le retour de Louis XVIII.

L'Empereur dispose de cent vingt-cinq mille hommes. En face, Blücher a cent vingt mille Prussiens et Wellington quatre-vingt-dix mille Anglais. Le plan de Napoléon est de les écraser à tour de rôle (…) Napoléon à Ligny, le 16 juin, bat les Prussiens de Blücher sans pouvoir les anéantir, faute de l'appui de Drouet d'Erlon, écartelé entre des ordres contradictoires.
Blücher s'échappe avec le gros de ses troupes. Grouchy reçoit la mission de le poursuivre (…) les Prussiens ayant échappé à Grouchy vont surgir sur le champ de bataille au moment où Napoléon, après plusieurs assauts infructueux de Drouet d'Erlon et de Ney, pouvait espérer enfoncer le centre anglais (…)

De retour à Pairs, Napoléon, victime des intrigues de Fouché, abdique le 22 juin en faveur de son fils, mais celui-ci est retenu en Autriche. Fouché, devenu chef du gouvernement provisoire, en liaison avec Talleyrand resté auprès du roi, en profite pour restaurer, au début de juillet, Louis XVIII.

En 1815, Louis XVIII était accueilli à Paris par le préfet de la Seine Chabrol, qui s'exclamait : "Cent jours se sont écoulés depuis que Votre Majesté quitta la capitale au milieu des pleurs de ses sujets."

Le 5 mai 1821, Napoléon meur d'une maladie de l'estomac (…) En 1823, Las Cases fait paraître Le Mémorial de Sainte-Hélène. Ainsi naît la légende napoléonienne."

(Jean Tulard, Glénat/Fayard)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire