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lundi 12 décembre 2016

"La sacralisation de la monarchie française n'a pas d'équivalent en Europe"

Extrait d'un entretien du journal La Croix (26-27 novembre) avec Alain Tallon, Directeur de l'UFR d'histoire à la Sorbonne, spécialiste d'histoire religieuse

Comment caractériser l’empreinte du christianisme dans notre histoire ?
C’est vrai depuis le Moyen Âge. La sacralisation de la monarchie française n’a pas d’équivalent en Europe (…) Alors que la monarchie espagnole, depuis le Moyen Âge, est profondément laïque : le roi n’est pas sacré.

La sacralisation du pouvoir est-elle une particularité française  ?
Absolument, sur le mode chrétien (…) Le modèle de Charlemagne a fait rêver tous les souverains français. C’est pourquoi Henri IV a voulu se réconcilier avec Rome, au lieu de créer une Église nationale sur le modèle anglais (…) Rome assure à la monarchie française ses prétentions à l’universalité. La monarchie française se sent l’héritière légitime de Rome par le fait que le roi est le premier des rois chrétiens. Et donc toutes les prétentions universalistes de la France, qu’elles soient politiques, militaires, intellectuelles, s’appuient sur l’idée selon laquelle la France, comme premier royaume chrétien, reçoit l’héritage universel de Rome. Cela explique notre goût partagé, jusqu’aux laïques, pour l’universalisme (…)

Plus tard, lors des conflits opposant le pape et l’empereur, la monarchie française soutient la papauté face au pouvoir impérial. C’est l’un des éléments importants de la construction de la monarchie française. Au XIVe et au XVe siècle, la resacralisation de la monarchie a été un moyen de reconstruction politique. L’épisode de Jeanne d’Arc en a été l’un des éléments, qui s’est poursuivi à la Renaissance, avec un roi qui, comme François Ier, se fait représenter en 1518 par Jean Clouet en saint Jean Baptiste… Les ambassadeurs anglais racontent qu’ils ont été reçus par le roi, vêtu en Christ ! C’est tout à fait stupéfiant…

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