Cette attitude quiétiste, critiquée par les mouvements nationalistes, offre aux islamistes un enracinement social, notamment à Gaza où les Israéliens tolèrent et favorisent leurs réseaux caritatifs pour affaiblir l'OLP, d'obédience laïque ou marxiste (…)
En 1987, la première Intifada éclate, et un prédicateur de Gaza, Ahmed Yassine, franchit un seuil historique: il fonde le Mouvement de résistance islamique,
Hamas (ferveur, zèle). Cette naissance marque une rupture nette avec la stratégie attentiste des Frères musulmans (…)
En 1988, il publie sa charte fondatrice, un texte idéologique dense et sans ambiguïté. Le conflit israélo-palestinien y est défini comme une lutte religieuse existentielle, et non comme un simple conflit territorial. Israël y est perçu non seulement comme un occupant, mais aussi comme un projet sioniste global, que le Hamas promet de combattre jusqu'à sa disparition (…) un mouvement qui entend remplacer l'OLP comme représentant du peuple
palestinien, et fonder une société islamique intégrale (…)
Cependant, c'est avec les accords d'Oslo, signés en 1993 entre l'OLP et Israël, que la fracture devient irréversible. Alors que Yasser Arafat accepte la logique d'un compromis territorial et reconnaît l'État d'Israël, le Hamas opte pour l'escalade et rejette catégoriquement ce processus interprété comme une trahison, un abandon des droits historiques et religieux des Palestiniens. Les années 1994-1996 sont marquées par des attentats-suicides particulièrement meurtriers qui cherchent à saboter la dynamique d’Oslo (…)
Le recul brutal du marxisme et des idéologies progressistes dans la région laisse un vide que l'islam politique investit (…)
L'échec des négociations entre Israéliens et Palestiniens culmine lors du sommet de Camp David Il en juillet 2000. Deux mois plus tard, la visite provocatrice d'Ariel Sharon sur l'esplanade des Mosquées déclenche une seconde Intifada. À cette occasion, la lutte du Hamas s'organise davantage et devient systématique (…)
Alors que l'Autorité palestinienne perd en crédibilité, le Hamas gagne en popularité.
La mort de Yasser Arafat en 2004 accentue ce basculement (…) le Hamas (…) accepte de participer aux élections législatives de 2006 (…) il remporte les élections (…)
En juin 2007, la tension dégénère. Des affrontements éclatent entre le Fatah et e Hamas qui prend en quelques jours le contrôle total de Gaza (…) En réaction, Mahmoud Abbas dissout le gouvernement d'union et rétablit son autorité en Cisjordanie (…)
Le blocus israélo-égyptien, instauré en réaction à la victoire du Hamas, est d'une sévérité sans précédent. Israël contrôle l'espace aérien, les eaux territoriales et les points d'accès terrestres, tandis que l'Égypte, sous pression internationale, maintient fermé le passage de Rafah pendant de longues périodes. Les conséquences sont dramatiques : effondrement économique, chômage massif, pénurie chronique d'électricité, d'eau potable et de médicaments. La vie quotidienne devient une épreuve permanente, dans une enclave surpeuplée de plus de deux millions d'habitants.
Face à cette pression, le Hamas renforce sa branche militaire (…) Le cycle des conflits armés s'installe: « Plomb durci » (2008-2009), « Pilier de défense» (2012), « Bordure protectrice » (2014) et l'embrasement de 2021 (…) d’autres groupes armés, comme le Jihad islamique palestinien fondé en 1981, mènent également des tirs de roquettes (…) en 2017, une nouvelle charte est publiée adoucissant certains éléments idéologiques, notamment l'appel à la destruction d'Israël et les passages explicitement antisémites. La distinction entre le judaïsme et le sionisme y est affirmée (…) sans toutefois reconnaître Israël (…)
Cependant, à partir de 2017, un rapprochement progressif avec l'Iran s’amorce…
(Extraits d'un article d'Antoine Fleyfel, in Bulletin de l'Œuvre d'Orient, 2ème trimestre 2025)
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