Le film est intéressant parce que finalement, le sujet de la vocation religieuse est rarement abordé au cinéma.
Mais venant de Zinnemann, qui réalisera quelques années plus tard, le magnifique "A Man for all Seasons" sur Sir Thomas More, je m'attendais à mieux. Je vais parler du fond.
Il focalise beaucoup trop sur des réalités - les plus dures, les plus âpres - de la vie des sœurs dans certaines communautés, en escamotant l’essentiel : l’amour, la charité… et la joie qui est le signe qui ne trompe pas.
Ça n'arrête pas de parler de "perfection" (alors que c'est un terme banni de la culture catholique actuelle), et de souligner l’ascèse.
"Est-il nécessaire de prévenir poliment l'auteur que la vie religieuse, le Congo, la charité, ce n'est pas tout à fait cela ?", écrit Bernard de Fallois à la sortie du film, dans Arts. "Les pessimistes diront que Zinnemann, vieux malin, le sait bien. Ce n'est pas sûr. Les roublards sont moins nombreux qu'on ne croit."
Toutes les sœurs ont l’air de robots. La communauté s'apparente plus à une secte et les consacrées à des filles soumises.
Audrey Hepburn est un appel à la dissidence. La scène où on lui coupe réellement les cheveux est emblématique : la star victime sacrifiée sur l’autel du christianisme.
La scène se termine sur l’impassibilité de toutes lors de la cérémonie "d'intégration" où elles apprennent leur changement de nom. Gabrielle van de Mal devient sœur Luc (évidemment, on donne un nom masculin à l'emblème de la féminité qu'était alors Audrey Hepburn).
Y a t-il, ou y a-t-il eu des communautés comme cela ? Peut-être, mais ce sont des anomalies. Encore une fois, les gens qui ne connaissent rien ou pas grand chose au christianisme se basent sur des épiphénomènes scandaleux pour le représenter en le caricaturant.
En partant de ce postulat erroné, l'histoire glorifie le choix de l'héroïne qui renonce finalement à ses vœux pour ce qui est de facto présenté comme le "vrai engagement" : l'engagement politique au sein de la Résistance.
Et de cette vision repoussoir déformée, on est passé de nos jours, culturellement, à une religion molle, horizontale, qui banni la notion de sacrifice et de jugement divin.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire