"Ce verdict est clair : cette société est scélérate. Et dès lors, il n’y a plus qu’une solution : la vaincre.
A vrai dire, il y en aurait bien une autre, ce serait de la refuser, cette société, soit en la fuyant, soit en la détruisant. Mais Rastignac n’est pas de l’étoffe dont on fait les ermites et moins encore de celle dont on fait les révolutionnaires. Ni même Vautrin que son statut de forçat évadé force pourtant à vivre en marge de la société. Il la hait, il la méprise, il en dénonce les contradictions, mais son but est d’en abuser, non de la détruire. Se profile ici la volonté de puissance qui anime toute la « Comédie Humaine ».
« A nous deux maintenant ! » Ce pourrait être un cri de révolte. La phrase suivante vient en préciser le contour : « Et pour premier acte de défi qu’il portait à la société, Rastignac alla dîner chez Mme de Nucingen ». Ce n’était que le cri d’un arriviste.
Goriot, c’est l’absolu de la paternité. Balzac le condamne, comme il condamne l’absolu de l’amour chez Louise de Chaulieu, l’absolu de l’argent chez Gosbeck […]. Ici encore […] Balzac pense résolument contre son siècle. Au romantisme qui règne autour de lui, au culte de l’amour fatal, de l’amour qui ravage, de l’amour qui rend poitrinaire ou qui mène au suicide, il oppose…"
(Felicien Marceau)

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