(…) tout l’univers matériel est comme le corps de l’univers spirituel qui doit l’assumer, l’élever, l’offrir. Faute de quoi, l’univers est divisé, disloqué et livré aux déterminismes matériels (péché originel) (…) La Rédemption suppose une reprise du plan créateur du Dieu-Esprit en vue de rétablir l’unité entre le monde matériel et le monde spirituel, par la libération intérieure de l’homme et des créatures intelligentes, libération qui doit se communiquer à tout l’univers (…) le monde ne nous est pas donné tout à fait, nous avons à le faire, comme nous avons à nous faire. « Dieu a créé des créateurs » (Bergson), justement parce qu’il est Esprit.
(Lausanne, 1972)
Qu’est-ce que le mal, physique ou moral ? Une privation (…) absence de qui devrait être (…) Le mal suppose une règle violée, et l’écart d’avec la règle.
« Dieu ne permettrait pas le mal s’il n’était assez puissant et assez bon pour en tirer le bien. » (Saint Augustin) (…) la douleur est la grande école de sainteté. C’est par elle que ce qu’il y a de plus excellent, de plus délicat, de plus humain s’épanouit dans le monde. Et tous ceux qui se sont avancés dans le chemin de lumière, savent qu’ils le doivent à la Croix.
Entre tous les maux qui dévastent la terre, le manque d’Amour est, en effet, le plus terrible. L’homme peut endurer beaucoup, ce qu’il supporte le moins, c’est la solitude et l’abandon. Le sourire d’une affection fraternelle, la ferveur d’une véritable amitié, le rayonnement divin de la charité, c’est la rosée merveilleuse sur la terre qui meurt.
Héroïsme des plus humbles besognes fidèlement accomplies et d’une patience qui résiste aux coups d’épingle, rayonnement du sourire et de la bonne humeur, victoires de détails, petites croix qui représentent pour la plupart la Croix.
(Paris, 1929)
Le mal n’existe que parce que nous avons à nous créer avec Dieu, parce que l’univers est une histoire à deux, une histoire d’amour, une histoire nuptiale, et que Dieu lui-même s’est remis entre nos mains (…) Il n’y peut rien, que d’être frappé, que de mourir, parce que son action, c’est son amour, parce que son être tout entier n’est que son amour et que l’amour est sans effet si ne surgit la réponse d’amour qui ferme le circuit d’où jaillit la lumière.
(publié dans Choisir, avril 1981)
Expérience de Job : il ne s’agit pas du Dieu intérieur. Job considère le monde préfabriqué comme seul, il résume ainsi toutes nos révoltes humaines. Quand l’homme assimile Dieu à son regard, Dieu est limité.
(Paris, 1965)
Quand on aime la vérité et quand on sent la moindre résistance, on sent immédiatement aussi qu’il faut se retirer soi-même, qu’il ne fait pas insister, qu’il ne faut pas confondre, qu’il ne faut pas humilier, qu’il faut baisser les yeux comme Jésus devant la femme adultère, qu’il ne faut pas profiter d’avoir raison. Il faut désamorcer l’amour-propre bloqué contre le vrai, il faut créer cette atmosphère de silence de confiance et d’humilité (…)
Le mal, ce n’est pas la violation d’une volonté arbitraire, d’un règlement qui nous est imposé, le mal, c’est en nous cette vie divine refusée, c’est en nous cette vie divine assombrie et interceptée…
(1960)

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