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mercredi 2 septembre 2020

Les chrétiens au Liban

(…) terribles massacres en 1860 au Mont-Liban. Les druzes réagissaient à la volonté chrétienne de domination L’hécatombe ne fut interrompue que grâce à l’intervention militaire de la France de Napoléon III. Le bilan était lourd : 11 000 tués, 4000 morts de faim et 100 000 déplacés.

Sous l’égide des Ottomans, une commission internationale (France, Russie, Autriche, Prusse, Italie et Grande Bretagne) se réunit afin de trouver une nouvelle formule pour le Liban. Un accord dit « Règlement organique » fut obtenu en juillet 1861. Il fit du Liban un sandjak ottoman, moutasarrifiya en arabe, une division administrative jouissant d’une autonomie intérieure spéciale garantie par les six pays susmentionnés.

A sa tête, un moutasarref (haut fonctionnaire nommé par le sultan), chrétien non libanais, de nationalité ottomane, aidé par un Conseil administratif de 12 membres représentant les communautés religieuses…

(…) l’Université américaine de Beyrouth (missionnaires protestants américains) en 1866 et l’Université Saint-Joseph de Beyrouth (jésuites) en 1876. 

Les maronites exprimèrent, sous la Moutasarrifiya, un grand attachement à la France, n’oubliant pas son aide en 1860. Ainsi la dénommèrent-ils « tendre mère », expression qui demeura dans les esprits jusqu’à la fin du XXe siècle.

(…) les chrétiens, très majoritairement démographiquement

(…) un nationalisme libanais, principalement maronite, se développa encouragé par la France (…) 

La Moutasarrifiya du Mont-Liban pris fin en mars 1915, lorsque les Ottomans la mirent sous leurs autorités directes, nommèrent un moutasarref musulman, abrogèrent le règlement et proclamèrent la loi martiale tout en dissolvant le conseil administratif. Un évènement génocidaire s’en suivi : la famille du Mont-Liban, provoqué par les Ottomans, et tuant presque la moitié de la population.

(…) la France occupa le Liban en 1918.

Fin 1919, Clémenceau nomma le général Gouraud un pieux catholique - haut commissaire de France au Levant -. A ce titre, il détenait le pouvoir suprême dans les domaines exécutifs et législatifs, et avait comme mission l’organisation de l’administration du pays.

(…) 1920, le conseil suprême des alliés établit le Mandat français sur la Syrie et le Liban.

(…) Gouraud déclara, selon la volonté du patriarche maronite, l’annexion de Beyrouth, Tripoli, la Bekaa, Akkar, Saïda, Jabal’ Amil et d’autres territoires à la Mutasarrifiya du Mont-Liban.

Le drapeau de l’état n’était autre que le drapeau français, avec un cèdre au centre.

65% des populations n’étaient pas chrétiennes (…) les chiites passèrent de 5,6 à 17,2%. Les druzes, partenaires politiques historiques des maronites devinrent très minoritaires.

Les sunnites se trouvèrent doublement humiliés : de majoritaires sous les Ottomans, ils devinrent soumis aux maronites et sous les auspices de la France. Celle-ci les amadoua et nomma l’un des leurs, Muhammed al-Jisr, vice-président du conseil consultatif.

Les chiites furent de même amaoudés. Les Français reconnurent leurs droits religieux personnels (école jaafarite), ce qui leur agréa, les Ottomans ayant toujours refusé de le faire. Quant aux druzes, les uns étant favorables au Grand Liban (Jumblat) et les autres opposés, nationalisme arabe et solidarité avec les sunnites obligent.

Le Grand Liban dépendait du haut-commissaire. 
Un gouverneur, qu’il nommait, exerçait le pouvoir exécutif en son nom. Tous Français quatre gouverneurs s’y succédèrent :
le général Gouraud, le général Maxime Weygand (« le pieux »), Maurice Sarrail, franc-maçon et laïcard ("le terrible")…

La charte du mandat stipulait que la France devait doter le Liban d’un « Statut organique » dans un délai de trois ans. (…) 
En 1926, la Constitution libanaise (…) largement inspirée de la Constitution française de la IIIè République (…) on y trouve le célèbre article 95, fondement du régime confessionnel (…) « les communautés seront équitablement représentées dans les emplois publics et dans la composition du ministère »

Le système éducationnel se développa davantage, l’économie crût considérablement, à travers le commerce, l’industrie, la construction d’usines électrique et d’aéroports et le développement des ports des réseaux routiers et ferroviaires.

Cet élan permit l’émergence d’une classe moyenne, et un épanouissement social où se développa un mouvement de libération de la femme
Le mandait français s’acheva en 1943.

Le Liban n’a pas de raison d’être sans ses chrétiens. C’est un pays qui a été créé grâce à eux et pour eux

(…) depuis la fin de la guerre en 1990, perdue par les chrétiens 

(…) le sunnisme politique de Rafic Hariri tenta, dans les années 1990, d’inscrire le Liban dans la giron de l’Arabie Saoudite, le chiisme politique, incarné par le Hezbollah, tente de l’inscrire dans le giron de l’Iran.

(Antoine Fleyfel, Bulletin de l’Œuvre d’Orient, 2ème trimestre 2020)

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