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lundi 20 juillet 2020

L'empire français, enjeu de juin 1940

"L'armistice signé le 22 juin repose sur un marché : les Allemands, qui étaient sur le point d'occuper l'ensemble du territoire métropolitain, laissent subsister une zone libre sur 45 % de ce dernier ; mais en échange, ils exigent la fin de l'alliance franco-britannique, la mise en réserve de la flotte et la neutralité de l'empire français (…)

Churchill et de Gaulle estiment que c'est un marché de dupes, dans la mesure où les Allemands pourraient s'emparer sans difficulté majeure de la zone non occupée et de la flotte, puis saisir, par eux-mêmes ou par l'intermédiaire d'alliés, une partie au moins de l'empire : l'Afrique du Nord, le Levant, l'Indochine, Madagascar. Pour le maréchal Pétain et son entourage, la transaction “zone libre contre empire” est au contraire le seul moyen de maintenir une France plus ou moins souveraine dans une Europe dominée par le Reich (…)

En Afrique du Nord, le débarquement américain, en novembre 1942, doit beaucoup à la résistance gaulliste, mais les Américains s'appuient ensuite pendant un an sur des hommes liés à Vichy, l'amiral François Darlan puis le général Henri Giraud. Conséquence inévitable : des malentendus puis des tensions de plus en plus fortes entre de Gaulle et les Anglo-Saxons. Plus celui-ci met en avant l'empire français pour obtenir une restauration de la France en tant que grande puissance, plus ceux-là lui rétorquent que cet empire n'existerait plus sans eux (…)

Pour de Gaulle, l'utilité géopolitique de l'empire français appartient déjà au passé. Le 30 janvier 1944, il a prononcé à Brazzaville, la capitale de l'AEF, un discours dans lequel il a annoncé la décolonisation.

(Michel Gurfinkiel, in VA, juin 2020)

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