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vendredi 24 mai 2019

Jeanne d'Arc

"(…) La famille de Jeanne soutient le "roi de Bourges", le futur Charles VII. La situation militaire est en effet complexe : la guerre de Cent Ans fait rage, marquée par d'impressionnantes victoires anglaises (bataille d'Azincourt en 1415 et conquête de la Normandie en 1417-1419). Le roi anglais, Henri V, avait su jouer de la guerre que se livraient, au sein même du royaume de France, deux clans ennemis, les Armagnacs et les Bourguignons. Née d'une rivalité politique entre Louis Ier, duc d'Orléans, et Jean sans peur, duc de Bourgogne, la guerre civile avait débuté après le meurtre de Louis en 1407. Conséquence du cycle médiéval de la vengeance, Jean sans Peur fut à son tour assassiné en 1419 sur le mont de Montereau (…) Le geste poussait les Bourguignons dans le camp anglais (…)

Jeanne réussit à persuader Charles VII de se rendre à Reims pour être sacré, renforçant ainsi sa légitimité, liée non plus au seul sang, mais aussi à l'élection divine (…)

L'année des merveilles se termina brusquement le 8 septembre par l'échec devant Paris (…) Après les victoires obtenues, Charles VII disposait de nouvelles cartes pour négocier avec les Bourguignons une réconciliation qu'il appelait de ses vœux, négociations auxquelles Jeanne ne voulut jamais se résoudre.
Elle fit alors campagne dans le Nivernais, puis échoua en mai 1430 à libérer Compiègne dont les Bourguignons faisaient le siège. Prisonnière de Jean de Luxembourg, elle fut livrée aux Anglais qui choisirent Rouen comme lieu de détention et de jugement (…) Charles VII n'agit en rien pour la libérer. Il ne le pouvait par la force et n'entame aucune négociation au sujet d'une éventuelle rançon. Le but des Anglais était de la faire condamner.
Le procès de condamnation se déroula de janvier à mai 1431. C'est un procès pour hérésie mené devant un tribunal d'Eglise qui réunit - comme il est d'usage - un représentant de l'Inquisition et l'évêque du lieu, ici celui de Beauvais, Pierre Cauchon, diocèse dans lequel Jeanne avait été capturée. Jugée hérésie, elle n'eut pas d'avocat. Les deux principaux chefs d'accusation étaient le port de vêtements d'homme et les voix (…)

Mais Charles VII ne pouvait tenir son trône d'une hérétique, voire d'une sorcière. Aussitôt la capitale normande reconquise (en 1449), le roi décida l'ouverture d'un nouveau procès inquisitoire, en nullité. Il ne s'agissait pas de faire canoniser Jeanne - elle ne le sera qu'en 1920 - mais de prouver l'irrégularité du premier procès."

(Mureille Gaude-Ferragu, in "Jeanne d'Arc", Glénat-Fayard)

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