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dimanche 24 juin 2018

"Chlordécone" : un pesticide qui porte bien son nom

"Ce pesticide hautement toxique a été abondamment utilisé dans les bananeraies martiniquaises entre 1972 et 1993 pour lutter contre le charançon. Bien qu’interdite depuis 25 ans, la molécule, difficilement biodégradable, continue aujourd’hui de contaminer plus d’un tiers des terres cultivables de l’île. Sa présence rémanente dans l’alimentation est considérée comme responsable de cancers de la prostate, d’accouchements prématurés et de problèmes de développements cognitif et moteur chez de jeunes enfants. Et les Martiniquais pourraient faire face à cette pollution massive pendant encore 100 à 600 ans, selon les sols (…)

Ironie du sort, [la banane] le fruit emblématique de la Martinique, à l’origine du « mal », n’est pas touché par la contamination.

(…) la fermeture depuis neuf ans de la moitié de la baie de Fort-de-France à toute forme de pêche, justifiée par la présence dans l’eau de chlordécone. Par ruissellement ou par infiltration dans les nappes souterraines, la molécule a contaminé 56% des cours d’eau et une partie du bord de mer.
L’interdiction de pêcher à moins de 300 m de la côte et sur des fonds de moins de 20 m de profondeur touche, au total, un tiers du littoral martiniquais. « Le problème, c’est qu’ici la plupart des pêcheurs pratiquent la pêche côtière, au filet ou au casier » , explique René Ademar, du Syndicat indépendant des marins-pêcheurs."

(Extraits d'un article de "La Vie" du 14 juin 2018)

mercredi 13 juin 2018

Spécificité du christianisme

Nous avons un Maître, venu dans notre monde nous dire de nous aimer les uns les autres, pas "sur le mode" "united colors of Benetton", mais sur le mode "Croix" : il nous est demandé d’aimer aussi ceux qui nous agressent, ceux qui nous persécutent, nos ennemis (de vouloir leur bien, le salut pour leur esprit) ! 

Ce n’est pas une voie de réalisation de son petit soi, qu’on aurait tendance à enfler, comme la grenouille de La Fontaine, jusqu’à le diviniser, comme une sorte de monade glorieuse. C’est tout le contraire : une voie d’humilité, de confiance, de mise au service de son prochain. 

Et pas confortable : pas de dopamine, le plaisir n'est pas un principe moteur. 
C’est une voie radicale. Notre Modèle s’est fait crucifier. 
C’est une voie qui ne promet rien sur terre, et surtout pas d’économie de la souffrance. 
Jésus a rétabli l’économie d’amour du sacrifice. 
Une prière vivante et confiante (filiale) peut appeler la grâce ; mais celle-ci est avant tout manifestée pour sa nature divine, en tant que signe spirituel bienfaisant pour l’âme (la psyché).

La langue est la structure de la pensée


"La langue est la structure de la pensée (…) Si l’on veut s’attaquer à un individu, il faut commencer par attaquer sa langue. Plus celle-ci sera pauvre, approximative, vasouillarde, plus aurez barre sur lui. A l’inverse, si vous lui enseignez la précision, la rigueur, vous donnez une sorte de grammaire à son intelligence (…) Aujourd’hui, il y a déconsidération de la grammaire. On veut oublier que l’intelligence a besoin, pour se développer, d’un cadre rigide (…)

On a perdu la notion d’institution au profit de celle de service public. On laisse entendre que l’école, elle aussi, devrait devenir un service public. Là encore, la confusion est grave. Une institution n’est pas un service public. Une institution est une émanation de la démocratie, mais à l’intérieur d’elle-même, l’institution s’excepte de la démocratie, la loi de la majorité n’y fonctionne pas. Regardez la justice par exemple. Que serait une justice dont le but serait de satisfaire une majorité de justiciables ? Ou l’armée (…)

Pourquoi l’école devrait-elle satisfaire la majorité des élèves ? Parce qu’on veut la considérer comme un service public. Et si l’école est un service public, l’élève en est le roi, puisqu’il en est le client, l’usager. (…) Quand on paie pour un service public, on veut en avoir pour son argent.

Mai 68 nous a seriné que savoir = pouvoir. Comme on méprisait le pouvoir, on a fini par mépriser le savoir. On l’a remplacé par l’émotion. Ce n’est plus sur des arguments, ce n’est plus sur une pensée que je peux affirmer mon autonomie, mais sur l’intensité de l’émotion que je ressens.

L’école s’est ingéniée à supprimer les grandes œuvres sous prétexte qu’elles seraient passéistes et abstraites, incompréhensibles, éloignées de l’expérience de l’enfant, de son petit monde à lui. Pour un pédagogiste, fiction et réalité sont deux notions contradictoires. C’est naturellement faux. Dans une grande fiction, il y a toujours une intention de connaître, de comprendre, de saisir tel ou tel aspect de la réalité (…) Avec la fiction, c’est du réel qui prend sens, du réel suffisamment éloigné de l’élève pour qu’il l’élève. Au lieu de quoi, on préfère lui fourguer de ridicules petites brochures qui lui parlent de son argent de poche, de ses sorties nocturnes (…) Ce n’est pas le fictif qui s’oppose au réel, c’est le virtuel. Il s’y oppose même si bien qu’il tend à le remplacer.

Les pédagogistes ont décrété une fois pour toutes que l’enfant ne pouvait apprendre qu’en jouant. S’il doit faire un effort, il n’est plus motivé. Et s’il n’est plus motivé, il est perturbé, il s’ennuie. Pauvre petit. Dans le savoir-être, prévaut l’idée du politiquement correct. Mais moi, je veux que mes enfants apprennent quelque chose. Le savoir-être, je m’en occupe tout seul."

Jean Romain, philosophe, professeur au Collège à Genève, in L’Hebdo, 31 août 2000.

vendredi 8 juin 2018

Antoine de Saint-Exupéry, aventurier spirituel, prophète

"Lorsque Saint-Exupéry déplore dans "Pilote de guerre" : "Nous avons perdu l'héritage", c'est de l'héritage chrétien qu'il parle. Et il ajoute : "Nous avons ainsi perdu l'Homme." Il en est bouleversé. Pour l'ancien élève de Sainte-Croix, le plus grand malheur de notre époque est d'avoir écarté de notre culture la dimension spirituelle : "Le recul religieux est un désastre qui nous démeuble notre monde spirituel." 

Dans une lettre à l'un de ses amis américains, Saint-Ex confirme son engouement pour la vie monastique : "Si je cherche l'exemple d'une liberté véritable, je ne la trouverai guère que dans les monastères où des hommes ont à choisir entre des impulsions diverses dans la richesse de leur vie intérieure"

(Stan Rougier, "Que peut-on dire aux hommes ?" 2017)