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mardi 27 novembre 2018

La dérive de la gauche occidentale vers un Brave New World politiquement correct


"(…) Le coeur du problème, c'est le fait que les dirigeants démocrates sont des bourgeois, comme vous le suggérez. Ce sont des avocats, des professeurs d'université, comme moi, des médecins, etc. D'un côté, ils ont perdu le contact avec la classe ouvrière au centre géographique et idéologique du pays. De l'autre, ils ont décidé de mener une révolution culturelle à Hollywood, dans les médias et dans les universités pour changer les moeurs des Américains. C'est tout un symbole : la gauche a pris Hollywood, mais la droite a pris Washington. Les Américains sont certes devenus plus tolérants en matière de moeurs, mais maintenant il y a de plus en plus de règles pour ce qu'on peut dire. Le politiquement correct a conduit à un climat un peu stalinien (…)

Barack Obama avait laissé tomber les questions du Parti. Il aurait pu travailler à sa reconstruction en mettant en avant le républicanisme. Il ne l'a pas fait. Le slogan, pendant les premières campagnes, était : « On peut le faire » (« Yes We Can »). Mais on peut faire quoi, au juste ? De même, après les attaques racistes meurtrières à Ferguson, il a dit : « Ce n'est pas nous. » Mais il n'a pas dit qui nous étions... Nous sommes qui, quoi ? Il y avait chez lui une réticence à dire que nous sommes tous des Américains, que nous avons des devoirs communs et qu'il faut s'entraider. Il faut donc penser le républicanisme de l'avenir, notamment des idées économiques. Alors que la société est devenue très individualiste, il faudrait apprendre à parler de devoirs civiques. Ce sera le travail difficile d'une génération."

(Extrait d’un entretien paru dans La Vie, 1/11/2018, de Mark Lilla)
Mark Lilla, né en 1956, professeur à l'Université Columbia, à New York. 

Il se considère comme un intellectuel de gauche mais est surtout connu pour sa critique féroce du Parti démocrate, qu'il juge à la fois trop néolibéral en matière économique et identitaire sur les questions sociales. Son dernier livre, La Gauche identitaire. L'Amérique en miettes (Stock), a été très mal reçu par d'autres intellectuels de gauche, dans certains milieux LGBT et par le mouvement « Black Lives Matter »

"L'homophobie et la transphobie occupent aussi énormément les candidats démocrates, à l'image de la sénatrice progressiste Elizabeth Warren, du Massachusetts, qui ne cache pas ses ambitions présidentielles pour 2020. Par le passé, elle a beaucoup oeuvré en faveur d'une politique sociale plus égalitaire et une politique fiscale qui ne soit pas d'inspiration néolibérale ; désormais, elle met plutôt en avant son agenda pro-choice et « identitaire », comme dirait l'universitaire Mark Lilla. Ces dernières semaines, elle a ainsi provoqué un véritable buzz médiatique en publiant les résultats d'un test génétique « prouvant » qu'elle avait des ancêtres amérindiens, comme elle l'avait revendiqué – soulignant ainsi l'importance, en 2018, pour une personnalité politique de prouver scientifiquement qu'elle a des racines ethniques non blanches."
 (Henrik Lindell, in La Vie, 1/11/2018)

mardi 6 novembre 2018

Représentation de soi sur les réseaux sociaux : une pensée de Pascal

« Il est dangereux de trop faire voir à l’homme combien il est égal aux bêtes, sans lui montrer sa grandeur. 
Il est encore dangereux de lui trop faire voir sa grandeur sans sa bassesse. 
Il est encore plus dangereux de lui laisser ignorer l’un et l’autre. 
Mais il est très avantageux de lui représenter l’un et l’autre. 

Il ne faut pas que l’homme croie qu’il est égal aux bêtes, ni aux anges, ni qu’il ignore l’un et l’autre, mais qu’il sache l’un et l’autre. 

L’homme n’est ni ange ni bête, et le malheur veut que qui veut faire l’ange fait la bête.

S’il se vante, je l’abaisse ; s’il s’abaisse, je le vante ; et le contredis toujours, jusqu’à ce qu’il comprenne qu’il est un monstre incompréhensible. 

Que l’homme maintenant s’estime à son prix. Qu’il s’aime, car il y a en lui une nature capable du bien ; mais qu’il n’aime pas pour cela les bassesses qui y sont. »

(PASCAL, Pensées)

dimanche 4 novembre 2018

Comment peut-on se réclamer de Martin Luther ?

Excommunié par le pape Léon X, le moine contestataire Martin Luther contre-attaque (car excommunication signifiait condamnation à une mort certaine, par le feu ou la noyade, « sans effusion de sang »), en utilisant la technique émergente de l'époque - l’imprimerie - pour lancer une campagne de propagande anti-ecclésiale. 

Il s’adresse aux nobles du Saint Empire romain germanique, en disant que leur argent est gaspillé par l’Eglise de Rome dans des dépenses somptuaires. Il les appelle à combattre par le fer cette « vermine ». 

Donc il dénonce des scandales, mais est en fait dans un combat de pouvoir en utilisant des moyens vils, l’argent et les armes. Il n’a pas intérêt à remettre en cause la société auprès des gouvernants de laquelle il cherche refuge. 

Bientôt Luther est horrifié par les conséquences de ses paroles. Sa violence verbale a entraîné des violences physiques. 
Il en conclut que, tout comme la papauté (et les juifs), les paysans sont les suppôts du diable.

Luther trouve ensuite protection auprès de Frédéric de Saxe, qui est flatté d’accueillir ce théologien renommé dans sa petite université de Wittemberg, et trop heureux de trouver une justification théologique à son avarice. 

Lors de son audition devant la diète de Worms, Luther plaide pour la liberté d’opinion. Sola fide, sola scriptura. Grâce à (plutôt à cause de) Frédéric de Saxe, il n'y aura pas d'unanimité de la diète.

Au château de la Wartburg où il est protégé , il lutte contre le diable. Il est constipé, dépressif, angoissé. Il se lance dans la traduction de la Bible en allemand.

Pendant ce temps à Wittenberg, éclate un mouvement de rébellion contre l'Eglise : des prêtres dévoyés se marient, des moines aussi, les statues de saints sont détruites, et la population prend en charge l’administration de la ville et un enseignement laïc.

Quel est le point de vue de l’Eglise catholique vis à vis de Luther ?
Sur certains points évidemment, il avait raison de critiquer l'Eglise de l'époque : la dîme, c’était un scandale.
Mais où est l’amour, chez lui ? 
C’est un malin, un fanatique, un pharisien qui, quand il s’en prenait à quelqu’un, le mettait en pièce.
Pour moi, c’était un mauvais diable.

C’est lui qui a mis en question l’autorité pour soi-disant émanciper l’individu. Ses idées, diaboliquement (le violent orage quand il était jeune, pendant la peste noire?) embrouillées dans leur fond, incohérentes dans le temps et violentes dans leur expression, se sont répandues, et ce sont elles qui dominent le monde occidental actuel. 
Luther c'est le skandalon
Comme il le dit lui-même, la gloire... et la honte, c’est le chemin qu’il a choisi contre son père autoritaire, qui le voulait avocat.

Pour en savoir un peu plus :

samedi 3 novembre 2018

Napoléon, la noblesse et les abeilles

Napoléon est issu d'une famille de la haute société du bourg d'Ajaccio, d'origine génoise. Les Bonaparte ont des biens fonciers des domaines, des troupeaux, et beaucoup de gens travaillent pour eux. Laetitia Bonaparte a douze enfants. Huit survivront après la naissance : cinq garçons et trois filles. 

Napoléon est turbulent. 
Dominateur avec ses frères et toute sa famille.
Petit, il aime les signes de virilité et est fasciné par les défilés au tambour et les uniformes de la garde de soldats français qui occupent la Corse. 
C'est l'année de sa naissance, en 1769, que le royaume de France a acheté cette petite ville au duché de Gènes. 
Trois mois avant sa naissance, Pascal Paoli avait affronté les Français à Ponte-Novo. Son père Carlo a collaboré avec la France… après l'avoir combattue. Il devient Charles. La réussite de sa famille passe avant tout. La réussite c'est la fortune et le pouvoir. En échange de l'allégeance de son clan il obtient son titre de noblesse, sésame indispensable pour assurer l'ascension de ses enfants au sein de la monarchie française. 
Et le 10 mai 1779, Charles de Bonaparte, en tant que représentant de la noblesse de Corse, se rend à Versailles pour présenter à Louis XVI lui-même l'hommage de l'île de Corse.

Plus tard, le choix d’une nouvelle symbolique, nécessaire pour marquer la rupture avec la monarchie d’Ancien Régime, s’avèrera difficile. Crétet propose successivement l’aigle, le lion et l’éléphant. Cambacérès préfère les abeilles, puisque la France est une république avec un chef, comme une ruche. 
Symbole d’immortalité et de résurrection, les abeilles sont aussi choisies afin de rattacher la nouvelle dynastie aux origines de la France. En effet, des abeilles d’or (en réalité des cigales) avaient été découvertes en 1653 à Tournai dans le tombeau de Childéric Ier, fondateur en 457 de la dynastie mérovingienne et père de Clovis. Elles sont considérées comme le plus ancien emblème des souverains de la France.

vendredi 2 novembre 2018

Symbole

Le mot symbole vient du grec sym-bolos qui signifie : rencontre, emboîtement, jonction. 

Il y a, dans le terme grec, une valeur fondamentalement dynamique qui n’apparaît guère autrement, car le verbe ballô (à l’origine de nos balles et ballons) signifie : lancer. 

La nature du symbole semble donc s’apparenter à un mouvement de jonction.

Il est intéressant de noter à ce propos que le verbe que le grec employait pour exprimer l’idée de se donner la main était… sym-ballô
La sym-bolè grecque est devenue, par suite, un contrat, et, plus généralement, une contribution individuelle à un dessein collectif.
En Grèce, un symbole était un tesson de poterie cassé en deux morceaux et partagé entre deux contractants. Pour liquider le contrat, il fallait faire la preuve de sa qualité de contractant (ou d'ayant droit) en rapprochant les deux morceaux qui devaient s'emboîter parfaitement. Le symbolon était constitué des deux morceaux d'un objet brisé, de sorte que leur réunion, par un assemblage parfait, constituait une preuve de leur origine commune et donc un signe de reconnaissance très sûr. 

jeudi 1 novembre 2018

De la prière, du mal

La grande erreur, c’est de croire que nous avons chacun un destin propre. En fait, il n’y a qu’un destin commun de l’humanité, comme un grand drap dans l’espace et le temps. D’où les rapports de chacun avec Dieu : ils sont à la fois personnalisés et engageant toute l’humanité. Dans une puissance qui dépend de ma foi. 

Ça joue dans les deux sens. 
Ma prière n’a pas qu’un effet sur moi. Bénédictions. 
A l’inverse, les méfaits - les miens évidemment, mais surtout, « numériquement », ceux des autres- m’entraînent dans un monde livré à la malédiction de Satan.

Ainsi le problème du mal ne prend-il un sens que lorsque l’on sort de son propre sort individuel, de son existence : il se pose pour chacun dans la dimension spirituelle, divine, hors du temps, du projet de Dieu pour l’Humanité.
Le mal que chacun subit n’est ni la conséquence d’une punition divine, ni uniquement celle de ses propres fautes (karma), mais celle aussi des fautes de l’humanité sur les siècles précédents. Car le détachement de Dieu, de la Lumière et de la Grâce mène immanquablement à la servitude à des forces diaboliques, obscures et destructrices.
C’est un mystère : notre sort est à la fois individuel et collectif. Nous faisons partie du Corps de l’Eglise.


Dieu nous laisse lui répondre.
Et son intervention dépend de nous, de notre réponse. C’est en cela qu’Il est à la fois tout-puissant et démuni car Il livre sa toute puissance à notre bon vouloir l’aimer.
C’est ce qui explique qu’Il a pu être, à travers son Fils, un bébé et aussi un thaumaturge.
Mais Il pourrait nous répondre plus, répandre ses grâces, nous venir en aide, nous apporter sa paix.

Dieu, Jésus, l’Esprit Saint n’ont pas vocation à nous envahir (comme les esprits diaboliques), mais à cohabiter avec nous. 
Et, selon les lois de l’hospitalité, le locataire (nous ne sommes pas propriétaire de ce que nous avons reçu) opère un mouvement de décentrement pour y laisser son hôte. Ce mouvement est un mouvement d’ouverture verticale (la prière), de paix au minimum, d’amour lorsqu’il est pleinement vécu. C’est ce même le mouvement qui opère dans l’amour du prochain.
Donc on reste une personne, mais on fraye avec des Esprits dont la gloire nous aveuglerait, dont la puissance a créé l’univers, dont le règne nous est peu familier.
Le seul qui soit rempli d’Esprit Saint, c’est Jésus. En tous cas, il ne faut pas craindre la dissolution, puisque même le Maître n’est pas « étanche » spirituellement. C’est même ce qui caractérise ce Dieu trinitaire.

La régularité et la fréquence de la prière, lorsqu’on la pratique avec un minimum de sincérité, ne peuvent que nous aider face aux tentations qui électrisent nos journées.