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mardi 27 octobre 2015

Le vieil homme et la mer

A qui appartient la mer ?

Deux conférences : l'une à Genève en 1958, l'autre à Montego Bay en 1982 ont donné naissance à la notion d'eaux territoriales : une bande de 12 miles marin (22 km) au large des côtes, où s'exerce pleinement la souveraineté nationale.

Sur la zone contiguë qui suit, sur 12 miles également, l'Etat peut imposer des droits de douane et effectuer des contrôles de police. (Donc jusqu'à 50km des côtes).
Vient ensuite la zone économique exclusive qui s'étend à 200 miles marin au large des côtes (soit 370 km).

La majeure partie des océans est considérée comme de la haute mer, et à ce titre, est un bien public mondial.

Le pôle Nord n'appartient à personne. 
Mais les richesses que renferme l'océan Arctique (notamment gaz et pétrole), et les nouvelles routes commerciales ouvertes par la fonte des glaces attisent l'appétit des pays limitrophes.

La marine marchande emploie 1,5 million de matelots. Chinois, Turcs et Philippins sont les plus nombreux.

Sur un bateau de croisière : 1 membre d'équipage pour 2 ou 3 touristes. Philippins, Indiens, Indonésiens, mais aussi dans les Caraïbes des habitants du Guatemala, Honduras, Nicaragua…

80% du volume de marchandises est transporté par mer.
5000 porte-conteneurs transportent 50% des marchandises en valeur (16% en volume).

Depuis les années 1960, la consommation de poisson par personne a doublé (dans le monde).
La moitié des poissons consommés proviennent de l'aquaculture. 
La Chine est le 1er producteur mondial (62% en volumes) de poissons d'élevage.
Recours massif aux antibiotiques et aux désinfectants chimiques.

Economie algérienne et chute du pétrole

Quand Abdelaziz Bouteflika accède à la présidence en 1999, la guerre contre les islamistes est gagnée. 

Mais le pays est exsangue : 
- le conflit a fait plus de 100 000 morts, 
- les destructions sont immenses (la moitié du parc ferroviaire est HS), 
- des centaines de milliers de déplacés viennent peupler les ceintures des bidonvilles qui se créent autour des grandes cités du nord
- 30% de chômage
- le contexte d'impunité engendré par la guerre civile a répandu la corruption.

En 15 ans, avec la contribution des ouvriers chinois, le pays s'est doté de centaine de milliers de logements sociaux, de centaines d'établissements scolaires, de milliers de km de routes, d'hôpitaux, de tramways, d'un métro à Alger (construit avec des entreprises françaises, voir photo)…

Le revenu moyen a doublé (de 200 à 400 € / mois).

Mais il n'y a pas eu pour autant de décollage du secteur productif : l'Etat et la rente pétrolière ont continué à être ultra-dominant dans l'économie.

Or, depuis le pic atteint en 2008 :
- la production de pétrole et de gaz baisse en moyenne de 6% par an ;
- la consommation explose (recours à la climatisation, expansion du parc automobile…)

L'Algérie est l'un des pays au monde où l'essence est la plus subventionnée : le prix d'un litre à la pompe en juin était de 0,19€, 7 fois moins cher qu'en France !

La baisse du prix du pétrole a creusé les déficits budgétaires et de la balance commerciale.


(Source : Alternatives économiques, juillet-août 2015)

Migrations, réfugiés…

Depuis janvier 2015, un demi million de personnes ont traversé la Méditerranée. 

Si on ajoute les réfugiés de 2014, on arrive à 700 000 personnes en un an et demi.

Selon les chiffres du Haut-Commissariat aux réfugiés et Nations unies 70 % sont des hommes, 18 % sont des enfants. 

Plus de la moitié viennent de Syrie, 13 % viennent d'Afganisthan (pays en guerre). 

Depuis le début du conflit, presque un syrien sur cinq a quitté le pays soit 4 millions d'habitants. 

La Turquie accueille 2 millions de Syriens.

Le Liban en accueille plus d'1 million, soit un quart de la population du pays. 
À titre de comparaison, le nombre de personnes qui ont traversé la Méditerranée en 2015 représente 0,1 % de la population de l'union européenne. 

Dans 30 ans, il y aura 1 milliard d'Africains de moins de 18 ans.

mercredi 14 octobre 2015

Idées reçues sur les Français

Les français sont des paresseux ?

Les études qui mettent la France en queue de classe en matière de temps de travail ont très souvent un biais : elles ne prennent en compte que les salariés à plein temps. Si l'on prend en compte également les temps partiels (plus longs et moins fréquents que dans les autres pays), globalement, un Français travaille en moyenne 35,7h/semaine, soit plus qu'un Allemand (35,3h), qu'un Anglais (35,6h) ou qu'un Néerlandais (31,6h).

Donc les Français travaillent plus et sont plus productifs : nous produisons 46,5€ par heure de travail, contre 44,80€ pour les Allemands et 39,20€ pour les Anglais (source : Eurostat).

Les Français sont des assistés ?

Le fonctionnement de l'appareil d'Etat mobilise nettement moins de ressources que dans les pays scandinaves et autant que dans les pays anglo-saxons (Royaume-Uni et Etats-Unis).

L'assurance chômage : trop généreuse ? Deux fois moins qu'au Danemark ou au Pays-Bas.

Les Français vivent au-dessus de leurs moyens ?

Au sein de la zone Euro, seuls les Allemands épargnent plus que nous : 17% de leurs revenus, contre 15% pour les Français (en 2014).

Avec 317 000 $ en moyenne, l'adulte français a moins de patrimoine que son homologue suisse (587 000 $), mais plus que les Allemands (211 000 $) ou les Britanniques (293 000 $) (source : Crédit Suisse).
Bon : 48% du total du patrimoine des ménages est détenu par 10% des Français les plus riches.

Le taux d'endettement des ménages par rapport au PIB, s'il a augmenté ces dernières années, reste inférieur, avec 55% en 2014, à celui de la moyenne des pays de la zone euro (61%). Et très en-deçà de pays comme l'Espagne ou le Royaume-Uni.

Les Français n'aiment pas l'entreprise ?

"Vous êtes dans le pays idéal pour entreprendre, créer votre entreprise et la développer. Il est dix fois plus difficile de créer une entreprise dans la Silicon Valley qu'en France, où de multiples aides existent, parmi beaucoup d'autres avantages." (Xavier Niel, juin 2015, fondateur de Free).

La région parisienne abrite plus de start-ups que Londres ou Berlin (qu'est-ce qu'on nous rebat les oreilles avec Berlin !) : 12 000.

Entre 2008 et 2012, les Français ont créé plus d'entreprises que leurs voisins européens (Italie, Allemagne, Royaume-Uni) (Source : Eurostat).

Les Français accordent plus d'importance à leur travail que les Allemands, les Japonais ou les Américains ! (Source : World Values Survey)

En France, on ne peut rien réformer ?

Prenons l'éducation.
La France a eu longtemps en commun avec les autres pays latins un faible niveau de formation de sa population adulte. En un temps record, elle a rattrapé le retard : 44% des 30-34 ans sont diplômés de l'enseignement supérieur (contre 25% des 45-49 ans). C'est plus que la moyenne européenne.


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Pourtant, sentiment de déclin.

En 2014, 86% des Français pensaient que la prochaine génération s'en sortirait moins bien que l'actuelle.

Sur 44 pays (dont des pays en développement) où cette question a été posée par le Pew Research Center, les Français ont le plus fort taux de pessimisme. 
Devant les Japonais (79%) et les Grecs (65%) en pleine crise !

(Source : Alternatives Economiques, juillet-août 2015)

dimanche 11 octobre 2015

"L'éducation occidentale est illicite" : Boko Haram.

Au Nigéria, en 2000, Mohamed Youssuf, jeune prêcheur de 30 ans, crée la Jama'atu Ahlis-Sunna Lidda'awati Wal Djihad ("Disciple du prophète pour la propagation de l'islam et la guerre sainte"), un mouvement religieux parmi d'autres.

Boko Haram allie un discours religieux à une revendication sociale à travers la dénonciation du déséquilibre entre un Nord sous-développé et un Sud de plus en plus riche. 

Un état de fait qui date de la colonisation britannique. 
La découverte de pétrole dans le delta du Niger, au sud du pays, a accentué ces disparités. 
Aujourd'hui le Nigéria est la premier producteur de pétrole d'Afrique. 

Durant la période impériale, ceux qui collaboraient avec les Britanniques étaient appelés "boko" : ils étaient allés à l'école et avaient reçu une éducation occidentale. Boko Haram oppose à cet état de fait l'histoire précoloniale "glorieuse" du Nord : celle de la conquête d'Ousman dan Fodio, un Peul qui au XIXè siècle fonda le califat de Sokoto, au nord du Nigeria actuel.

L'armée nigériane (qui dispose de 23% du budget du pays) a bombardé trois Etats du Nord-Est en 2013. Des villageois de la région sont venus grossir les rangs de la secte.

4000 civils tués en 2014.

Daesh et les wahhabites

Abou Moussad al-Zarqaoui, petit malfrat jordanien, découvre le salafisme en prison, puis rencontre Ben Laden en 2000, avant de prendre ses distances avec al-Qaida. Il préfère combattre l'état jordanien que les USA. Il se forme en Afghanistan, puis, après l'intervention des USA en Irak en 2003, il vient combattre en Irak.
L'Etat Islamiste en Irak sera aussi appelé al-Qaida en Irak.
Zarqaoui meurt en 2006, tué par une frappe américaine.

En 2010, Abou Bakhr al-Bagdadi (ci-dessus) devient le chef d'al-Qaida en Irak.

Revenus des hydrocarbures : entre 1 et 2 millions de $ par jour. Grâce aux filières de contrebande mises en place sous Saddam Hussein lorsque l'Irak était sous embargo.
En Syrie, la zone contrôlée par l'EI constitue le grenier du pays : les silos de blé et les moulins pris au nord-est d'Alep permettent de nourrir un million de personnes.
L'EI a lancé son propre système d'impôts.

L'EI comptait 315 000 combattants en septembre 2014 (source : CIA).

Au XVIIIè siècle, un prêcheur, Ibn al-Wahhab, propose un pacte à Ibn Saoud, seigneur de Diriya, une cité du Nadjd, un plateau au cœur de l'Arabie : il lui promet de conquérir pour lui des territoires si celui-ci lui laisse la possibilité de répandre sa vision salafiste de l'islam. Cet accord politico-religieux, qui sera nommé plus tard wahhabisme, est à l'origine de la création du premier Etat saoudien.
Pour mener à bien la troisième et ultime conquête de l'Arabie, Abdel Aziz Ibn Saoud, descendant du premier Saoud, va dans les années 1920, reproduire le même schéma en créant les Ikhwan, les "frères" en arabe, sorte de réincarnation des premiers guerriers menés par al-Wahhab. Dans chaque implantation, un imam est chargé de convertir les Bédouins aux principes d'al-Wahhab. Les hommes suivent également un entraînement militaire. Les Ikhwan introduisent l'ascétisme, la brutalité et le martyre, des µours étrangères jusque-là à des nomades incultes qui ne se battaient que par esprit de vengeance ou à des fins de razzias. Ils généralisent le fanatisme à grande échelle. Alors que les raids des Bédouins ne faisaient généralement que quelques morts, les attaques des Ikhwan sont très meurtrières.

Le wahhabisme contient en lui-même le gène qui peut détruire la dynastie des Saoud : l'idée que le prince lui-même peut être destitué s'il contrevient à la volonté divine. Ainsi en 1928, plusieurs groupes d'Ikhwan, qui reprochent notamment à Ibn Saoud d'avoir scolarisé ses enfants en Occident, se révoltent, obligeant le prince à aller chercher de l'aide… auprès des Britanniques. Les rebelles seront massacrés lors de la bataille de Sabilla en 1929.