Nombre total de pages vues

samedi 26 septembre 2015

L'engagement matrimonial

Autour de moi, les couples se séparent, après des années de vie commune… souvent quand les enfants sont adolescents…

En faisant du rangement dans mes archives, je suis tombé sur un article de Xavier Lacroix, dans la revue Etudes, en décembre 1998. En voici quelques extraits.

"Jamais auparavant dans l'histoire, la famille n'a reposé si exclusivement sur la relation de couple", peut affirmer une sociologue canadienne Johanne Boisvert dans "Recueil de réflexions sur la stabilité des couples-parents" (1996).

Faire reposer la stabilité de toute une communauté, d'une cellule sociale impliquant des liens aussi précieux que les liens parentaux, sur les aléas du désir et du sentiment : la situation est inédite.

Notre thèse et que l'amour gagnera à intégrer les valeurs de l'amitié, des ressources pour la volonté, la référence à l'altérité de tiers.

Aimer c'est vouloir l'autre comme sujet.

L’intuition profonde de celui qui mise sur l’amour est que la vie est un don, qu’elle trouve sa joie et son accomplissement dans le don. 

La vie commune est une œuvre, une construction. Si l'amour n'est pas seulement un affect, il n'est pas seulement non plus une vertu : il est un art, art de vivre et savoir-faire (…) Il sait passer de l'affectivité à l'effectivité.

lundi 14 septembre 2015

René Girard vs Bob Dylan

Je n'ai jamais aimé la musique de Dylan, à part quelque chansons. 
Après la vision du documentaire de Scorsese, je n'aime pas trop le bonhomme. 
Exemple édifiant d'un personne mue par le désir mimétique, dans le domaine "artistique". 

Grosse énergie, gros ego, grande détermination. 
Mais mû par la simple volonté de se distinguer des autres, de devenir célèbre. 
Ne sachant pas qui il est ni qui il aimerait devenir, mais avançant avec la détermination du héros qui se rêve un parcours initiatique spécial, il est dans l'imitation de tous les modèles qu'ils trouvent le long de sa quête. 
Une éponge. Zelig. Il change de nom d'autant plus facilement qu'il n'a pas d'identité propre. Il n'est que "contre".  

Mimesis avec Woody Guthrie. 
"Tous les grands interprètes que je voulais imiter avaient un point commun : un certain regard. Un regard qui disait : « je sais quelque chose que tu ignores"." 

Issu du peuple élu, dans une Amérique dominante et paranoïaque.... 

Cf http://www.oraetlabora.net :
------------------------------------------------------------------
On retrouve dans le parcours du héros mythique le processus du sacrifice dans la violence.
Le héros est celui qui sort du lot commun (comme le bouc émissaire).
Il défie son père, le vainc, sort de sa famille pour réaliser son rêve, vivre son idéal. Il sacrifie le complexe familial, son affection, à l'ambition de régner, de découvrir, d'écrire etc…  "Le fils de ses parents se métamorphose en fils de ses œuvres" écrit Serge Moscovici. Il veut entrer dans le monde des élites, devenir signifiant, se distinguer.
Romulus, Moïse, Luke Skywalker sont tous des enfants abandonnés, recueillis par une famille de souche "sociale" opposée à leur famille génitale (cf le bouc émissaire considéré comme « corps étranger » à la société ; cf l’origine des dictateurs).
La démarche héroïque de différentiation relève du désir mimétique. En effet tout modèle peut se transformer en un anti-modèle. Dès lors, au lieu de ressembler, il s'agit désormais de différer.
Or autant le double est une réalité, autant la différence est folle, hallucinatoire.
D’ailleurs elle ne peut que s’effacer un jour. On retombe alors sur les doubles, et c’est reparti pour un tour dans le manège mimétique.
Le héros mythique est pris au jeu de la violence mimétique.
(…)
Les manuels du succès (amour, affaires…) prolifèrent.
Ils présentent une stratégie du rapport à l'autre dont la recette unique est : pour réussir, il suffit de donner l'impression que c'est déjà fait. Chacun s'efforce de prouver à l'autre qu'il possède déjà l'enjeu de la lutte : la certitude rayonnante de sa propre supériorité. H.W. Gabriel nous apprend par exemple « Comment dominer et influencer les autres » : « La seule méthode qui soit efficace et facile à appliquer est celle qui consiste à se voir tel qu’on désire être et agir comme si on l’était déjà. Je ne connais aucun exemple de célébrité qui se soit forgé un pouvoir personnel sans l’avoir d’abord utilisée. »
C’est du reste une technique bien éprouvée par les nazis, comme le rappelle Primo Levi : « L. n’ignorait pas que passer pour puissant, c’est être en voie de le devenir… 

---------------------------------------------------------------------------

Les copains de Bob Dylan pensaient qu'il revenait transformé, après une absence de quelques mois. "Il a dû vendre son âme au diable."

L'important, c'était de se distinguer. 
"Happy ? Anybody can be happy. What's the purpose of that". 

Prêt à voler l'inspiration de ses amis. 

L'histoire de son succès : où comment un artiste qui atteint la célébrité l'atteint par ce qu'il a voulu l'atteindre. Avant tout. Indépendamment de la qualité de ses œuvres.

Un côté rongeur au sang froid. 
Plaît pourtant à son alter ego féminin à la voix chevrotante, Joan Baez. 
Moins froide mais aussi orgueilleuse, se mettant directement en rivalité quand des amis vont lui présenter un (autre) "génie" (qu'elle). 

L'artiste contemporain typique, qui se fout de l'art. 
Rit en pensant "un jour des crétins vont analyser mes conneries et alors que moi j'y comprends rien, eux ils en trouveront, un sens".

Mais qu'est-ce qui distingue Bob Dylan de toutes les stars engendrés par cette époque ? C'est sa posture d'artiste authentique.  Ce qui m'interpelle, chez lui, c'est que :
1) ce qui a été véritablement déterminant dans son succès, ce n'est pas son art, justement, mais sa volonté ;
2) cela se voit immédiatement qu'il n'a rien d'un génie dans son domaine : son côté introverti, sa voix nasillarde, ses flots de textes alambiqués  masquant une pauvreté musicale…

dimanche 6 septembre 2015

Boum contre Bling

"The Bling Ring" de Sofia Coppola (2013)

Très intéressant. Comme un Bret Easton Ellis (en moins génial). 
Et déprimant. 

1) Apparemment les people de Beverly Hills laissent leurs voitures et maisons ouvertes, avec du cash à disposition… Les plus méfiants laissent les clés de leur résidence (sans aucune alarme) sous le paillasson devant l'entrée. 

2) Après avoir failli, avec ses comparses lobotomisés, se faire choper par les flics, Rebecca ouvre la portière d'une voiture, et en ressort avec un sachet (de la cocaïne probablement).

Peut-être que 1) s'explique par 2) : c'est un quartier de défoncés qui planent en permanence.

Et cette musique de merde que les décérébrés écoutent, ce bruit, insupportable.

Le meilleur plan du film n'est pas à mettre à l'actif de la fille Coppola, mais de son chef-op Harris Savides (auquel le film est dédié) : la nuit, long plan d'ensemble pris d'une colline sur la maison d'un pipeul que Rebecca et Mark sont en train de dévaliser ; avec le bruit des sirènes de Los Angeles… Bizarrement, j'y ai vu la distance emblématique du point de vue de Princess Coppola, qui observe ses personnages comme un béotien des animaux de laboratoire. Et avec une touche girly : les couleurs des appartements allumés.

La réalisatrice reste en superficie. Sur le même mode et un même rythme, elle enchaîne des séquences de voiture, de cambriolages, de boîte de nuit, toutes filmées de la même façon. 
La mise en scène est parfaitement en accord avec la superficialité des agissements des personnages : un plan chasse l’autre, un plan en vaut un autre, tout comme les adolescents enchaînent les séances d’essayage dans leur chambre, dans les boutiques ou dans les garde-robes des stars. 

La génération MTV : obscène, sans sexe (les mecs sont des ados attardés et efféminés), sans conscience.

Sans le comprendre, on peut expliquer qu'on devienne djihadistes face à une culture américaine du bling-bling complètement dégénérée. 
Au vide intersidéral et glacial du monde régi par l'argent et la célébrité s'oppose le vide trop plein d'une idéologie qui veut régir par la terreur. 
Révolte politique face à dictature économique. 
Réaction aussi violente et relevant encore plus clairement d'une culture de mort.

samedi 5 septembre 2015

Les Emirats : de la misère à l'opulence en 40 ans

À l'apogée de la pêche de perles en 1920, Abu Dhabi comptait 80 000 habitants. 
Dans les années 30, la production de perles de culture 
(inventée par Mikimoto) se développe au Japon, entraînant Abu Dhabi dans une crise économique dévastatrice. La perle était quasiment l'unique source de revenus des Émirats.  
Peu après, la seconde guerre mondiale a éclaté, et la population s'est retrouvée plongée dans la famine. 
A la fin de la guerre, le commerce des perles n'existaient plus. La population vivait dans un grande misère. 
En 1960 Abu Dhabi ne comptait pas plus de 2000 habitants.  

Le cheikh de Dubaï, Rashid, c'est le commerce, (notamment de l'or), et plus généralement le "business". Il favorise l'arrivée des capitaux étrangers. Et la contrebande. 

1968 : les Anglais annoncent le départ de leurs troupes.

1971 : 7 Émirats Arabes Unis. 

Peut-on parler de fonctionnement mafieux pour les familles-tribus des Emirats ? En tous cas leur histoire est traversée de violence. On les appelle "les gens du Golfe". 

Entre l'Union soviétique d'antan et une Californie du futur. 

Aujourd'hui, les Émirats sont parmi les plus gros acheteurs d'armes (aux Francais notamment) du monde. 

Ils ont imaginé le bouclier de la péninsule. 
1981 : Conseil de Coopération de Golfe. Mais trop de rivalités  et la domination de l'Arabie saoudite trop flagrante pour que ça fonctionne comme l'UE.